Concrétion
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CONCRÉTION, subst. fém.


CONCRÉTION, subst. fém.
A. [Le compl. désigne un corps solide, liquide ou gazeux] Action de se solidifier ou de s'agglomérer par intervention d'un phénomène physique ou non; le résultat de cette action; le corps ainsi formé. La concrétion de l'huile, du lait; une concrétion.
Spécialement
1. CHIM., GÉOL., PÉDOL. Amas de particules solides se trouvant dans les roches ou les sols et résultant de la formation successive et de l'agglomération de particules nouvelles sous l'action d'agents physiques ou chimiques. Concrétions pierreuses, salines. Le rivage présente l'aspect de concrétions madréporiques, minées par le travail des eaux (DUMONT D'URVILLE, Voyage au Pôle Sud, t. 5, 1843, p. 375). Le soufre, formant des croûtes et des concrétions cristallines, tapissait le sol (VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 3, 1868, p. 183). Le tuf ou travertin. Concrétion terreuse, formée par les sources; incrustations, constructions (A. PÉRÈS, Les Pierres et les roches, 1896, p. 16) :

 

    1. ... et même dans l'Europe et l'Asie centrale jusqu'au nord de la Chine, les vastes nappes de ces sols steppiens, imprégnés de concrétions calcaires connues sous le nom de loess, ...
    VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géogr. hum., 1921, p. 152.

 

PARAD. et SYNT. a) Incrustation, pétrification, filon, gangue, mamelon, stalagmite, stalactite. b) Concrétion ferrugineuse, siliceuse; concrétion de dépôt, de ruissellement; concrétion excentrique; concrétion dure, friable; concrétion aplatie, bourgeonnante.
2. MÉD. Production solide se développant dans l'épaisseur des tissus dans un organe, un conduit ou une articulation au cours d'une affection d'origine inflammatoire ou non. Concrétion arthritique, biliaire; concrétion osseuse. Les concrétions couenneuses des deux amygdales, dont la tuméfaction commence à diminuer, ne se sont point étendues (P. BRETONNEAU, Des Inflammations spéc. du tissu muqueux et en partic. de la diphtérie, 1826, p. 303). Les concrétions tophacées de la goutte chronique ont un caractère manifestement défensif (Le Gendre ds Nouv. Traité Méd., fasc. 7, 1924, p. 247). Laennec pensait que les concrétions intra-bronchiques sont de nature fibrineuse (CADET DE GASSICOURT, Traité clinique des maladies de l'enfance, t. 1, 1880-84, p. 139) :

 

    2. Quelquefois prennent naissance des concrétions sous-cutanées, opaques aux rayons, et qui siègent de préférence aux doigts, aux coudes, aux genoux et en diverses zones cutanées d'appui : ces sclérodermies avec concrétions calcaires sous-cutanées réalisent le syndrome de Thibierge et Weissenbach.
    P. RAVAULT, G. VIGNON, Rhumatologie clinique, 1956, p. 559.

 

Rem. Cf. également calcul, pierre, tumeur; bézoard, nodus, tophus.
B. Au fig. et p. métaph. Synon. de concrétisation (cf. ce mot B). Comme qui dirait la concrétion, la synthèse, la quintessence du goût musical parisien populaire (VERLAINE, Ouvres complètes, t. 4, Mes hôpitaux, 1891, p. 310). Il [un évêque] était vraiment celui-là, la concrétion catholique du réel et du divin (A. ARNOUX, Carnet de route du Juif Errant, 1931, p. 123).
Spéc., SC. HUM. (philos., psychol.). Formation d'une image ou représentation composée par agglomération d'éléments simples. L'image est une réalité psychique certaine... Si nous voulons aller plus loin, il faut retourner à l'expérience et décrire l'image dans sa pleine concrétion, telle qu'elle apparaît à la réflexion (SARTRE, L'Imagination, 1936, p. 138) :

 

    3. Il ne faut donc pas se demander comment et pourquoi le rouge signifie l'effort ou la violence, le vert le repos et la paix, il faut réapprendre à vivre ces couleurs comme les vit notre corps, c'est-à-dire comme des concrétions de paix ou de violence.
    MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, p. 245.

 

Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. 1762-1932.
 

 

Étymol. et Hist. 1537 (J. CANAPPE, 4e Livre de Thérapeutique de Galien ds Fr. mod., t. 18, p. 270); 1. av. 1546 « réunion de particules en un corps solide » (TAGAULT, p. 148 ds GDF. Compl.); 1753 méd. (Encyclop. t. 3); 1753 géol. (ibid.); 2. 1562 « action de s'épaissir » (PARÉ, Livre II, chap. X, éd. J.-F. Malgaigne, t. 1, p. 188). Empr. au lat. class. concretio « action de s'agglomérer » et « agrégat », dér. de concrescere (concret*).
 

 

Fréq. abs. littér. : 31.
 

 

DÉR. Concrétionné, ée, adj. a) Géol., minér. Qui est formé par concrétion. Roches concrétionnées, calcaires concrétionnés. Une roche à structure ou à texture concrétionnée. Les gisements de minerais de plomb... réalisent par excellence le type des filons concrétionnés ou d'incrustation (...) c'est-à-dire formés par le dépôt régulier (...) de bandes alternatives de gangues et de minerais (A. DE LAPPARENT, Abr. de géol., 1886, p. 395). Un amas de phosphate concrétionné, où il est impossible de discerner le moindre vestige de foraminifères (L. CAYEUX, Causes anc. et causes actuelles en géol., 1941, p. 23). b) P. ext. Ces vers vivent principalement dans la terre des champs et des bois où leur présence est souvent indiquée par de petits monticules de terre concrétionnés provenant de leurs déjections (H. COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 451). [Dans un cont. littér.] Nuages concrétionnés qui ressemblent à des déroulements d'entrailles (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1870, p. 646). Rem. On rencontre ds la docum. ) Le verbe se concrétionner. [Le suj. désigne une roche]. Se mettre à l'état de concrétion (attesté ds les principaux dict. gén. à partir de Lar. 19e). ) Le subst. masc. concrétionnement. Action de se concrétionner. L'activité de divers organismes sécréteurs de calcaire (...) peut, lorsque les conditions ambiantes sont favorables à leur développement exubérant, amener ces organismes à cimenter peu à peu les éléments constitutifs d'un fond meuble, que ce concrétionnement même transforme en un substrat dur à dominante calcaire (J.-M. PÉRÈS, La Vie dans l'océan, 1966, p. 67). Seules transcr. ds BESCH. 1845 et ds LITTRÉ : kon-kré-sio-né, fém. -née 1re attest. 1801 (R.-J. HAÜY, Traité de minér., Paris, Louis, t. 2, p. 168); de concrétion, suff. *. Fréq. abs. littér. : 1.