Grotte
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GROTTE, subst. fém.


GROTTE, subst. fém.
A. 1. Caverne naturelle dans un rocher quelquefois souterraine ou sous-marine , ou qui est creusée de main d'homme, et sert parfois de lieu d'habitation. Synon. région. baume2. Grotte funéraire, préhistorique; grotte marine; grotte fraîche, obscure, profonde; grotte miraculeuse, de la Nativité; grotte de Fingal, de Lascaux. De nombreuses grottes antiques, creusées par la nature ou par la main des hommes, servirent de retraite aux solitaires (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 1). Les eaux d'infiltration, en arrivant à l'air abandonnent une partie du calcaire qu'elles tiennent en dissolution et le déposent sur les parois des grottes sous forme de stalactites et de stalagmites (BOULE, Conf. géol., 1907, p. 13) :

 

    1. Les millions de haches éclatées trouvées dans les cavernes (...), les fresques découvertes sur les parois des grottes représentent évidemment la production d'une très longue série de siècles (...). L'art des troglodytes n'est pas fait de tâtonnements obscurs, il se développe avec une logique et un accroissement d'intelligence qu'on devine et dont on peut embrasser les grandes lignes...
    FAURE, Hist. art, 1909, p. 26.

 

P. métaph. La rime éveille, par le son et l'écho, les génies engourdis dans la grotte de la conscience, prisonniers de l'oubli ou de l'indifférence (L. DAUDET, Hérédo, 1916, p. 12).
2. P. anal. Abri de verdure, formé d'arbres entrelacés. Les vignes sauvages, les bignonias, les coloquintes (...) s'élancent de l'érable au tulipier, du tulipier à l'alcée, en formant mille grottes, mille voûtes, mille portiques (CHATEAUB., Génie, t. 2, 1803, p. 175) :

 

    2. J'aimais surtout à m'arrêter sous les marronniers immenses quand ils étaient jaunis par l'automne. Que d'heures j'ai passées dans ces grottes mystérieuses et verdâtres à regarder au-dessus de ma tête les murmurantes cascades d'or pâle qui y versaient la fraîcheur et l'obscurité!
    PROUST, Plais. et jours, 1896, p. 234.

 

B. ARTS DÉCORATIFS. Construction artificielle, en forme de grotte, faite de roches rapportées, ornée de coquilles, de fleurs, de jets d'eau, réalisée dans un parc, un jardin (ou en intérieur, souvent sous forme miniaturisée). Synon. rocaille, grotte rustique. Grotte de Médicis, de Meudon. Un filet d'eau minuscule s'égouttait d'une grotte en rocaille (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1343). En dehors de la grotte des Tuileries dont on possède quelques débris, rien ne peut lui être attribué [à Bernard Palissy] avec certitude (G. FONTAINE, Céram. fr., 1965, p. 24) :

 

    3. ... jusqu'aux grottes incrustées de coquillages, et où sommeillent des amours d'un autre siècle, tout, en ce domaine antique, a gardé sa physionomie des vieux âges...
    MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Jadis, 1883, p. 597.

 

Représentation de la grotte de Lourdes dans une église ou un lieu de pèlerinage. Une église romane qu'on avait rafistolée comme on avait pu. Il y avait de belles statues de plâtre (...). La grotte de Lourdes fut longtemps ce qu'Armand imagina de plus beau sur la terre, avec sa Vierge au manteau bleu (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 54).
 

 

Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. 1694-1932.
 

 

Étymol. et Hist. 1. 1280 grote (Doc. en fr. des Arch. angevines de Naples, II, 154 d'apr. R. ARVEILLER ds R. Ling. rom. t. 35, p. 217); début XIVe s. (Geste des Chiprois, éd. G. Raynaud, p. 189), attest. isolées dans des textes italianisants; 2. [1537 grotte (trad. du Courtisan de CASTIGLIONE d'apr. DAUZAT 1973 et Lar. Lang. fr.)] 1555 grotte (RONSARD, Meslanges ds Ouvres, éd. P. Laumonnier, t. 6, p. 179, 46). Empr. deux fois à l'ital. grotta, attesté au sens de « cavité naturelle » dep. 1300-13 (DANTE, Enfer, ds BATT.; déjà attesté au mil. XIIIe s. au sens d'« escarpement », Novellino, ibid.), du lat. crypta « grotte » (cf. crypte); a supplanté l'a. m. fr. cro(u)te « caverne », attesté de ca 1223 (G. DE COINCI, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, II Mir. 28, 460) à 1671 (POMEY), encore attesté dans les dial. (v. FEW, t. 2, p. 1384b) et directement issu de crypta.
 

 

 Fréq. abs. littér. : 1 236. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 775, b) 1 929; XXe s. : a) 1 470, b) 969. Bbg. Archit. 1972, p. 180. - DAUZAT (A.). Notes étymologiques... Fr. mod. 1940, t. 8, pp. 310-318. - HOPE 1971, p. 201. - KOHLM. 1901, p. 47. - QUEM. DDL t. 1, 6. - VIDOS (B.E.). Contribution à l'ét. du lex. français... Fr. mod. 1940, t. 8, pp. 133-142. - WIND 1928, p. 39, 43, 149.- WIS (M.). Zur ältesten Geschichte von Grotte. Neuphilol. Mitt. 1963, t. 64, pp. 129-143.