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Abbé Jean-Baptiste Boisot - 1686
"Journal des Sçavans", Paris, p.287-288

Boisot (1)
page 287

Boisot (2)
page 288

Commentaire :

Dans plusieurs de ses textes, E.Fournier date cette publication du 9 septembre 1696, et non 1686. Il écrit par exemple dans Spelunca III-21, en 1899 : "Boisot (abbé). Journal des savants.1696, 9 septembre, p.287 (et non 1686, 1689, comme on l'a imprimé)".

 

  • Septembre 1680 d'après Piganiol de la Force (1752)
  • 9 septembre 1689 d'après Romain-Joly (1779)
  • 1686 d'après Girod-Chantrans (1810)
  • 9 septembre 1684 d'après G.B.Depping (1819)
  • 1668 d'après Lucante (1882)

En réalité, la lecture de l'original montre qu'il s'agit bien de l'année 1686

En début de texte, rectifie erreur (confusion Glacière de Grâce-Dieu et grotte d'Osselle).

A Paris chez Jean Cusson ruë S.Jacques, à S.Jean Baptiste 1686.


Né à Besançon en juillet 1638
Mort à Besançon le 4 décembre 1694
Fait ses études à Besançon, puis à l'université de Dole, puis à Paris où il se lie avec Pellisson, Melle de Scudery, Spon, le P. André.
Lors de la conquête par Louis XIV, part en exil (voyages en Italie et en Espagne).
Après la paix de Nimègue, se rallie à la France. Louis XIV lui accorde l'abbaye de Saint-Vincent de Besançon, le 3ème bénéfice de la province conquise.
Rachète les papiers du Cardinal de Granvelle, les met à la disposition des érudits.
Lègue sa riche bibliothèque à la ville de Besançon, origine de la bibliothèque municipale.
A écrit des communications pour le 'Journal des Savants'.

était collectionneur et érudit. Il fonda la Bibliothèque publique de Besançon en 1694.

Extrait :

Extrait d'une lettre de M.Boisot Abbé de S.Vincent à M.l'Abbé Nicaise, touchant la Glacière de Besançon & la Grotte de Quingey, communiquée à l'Auteur du Journal.

(...) Cela me donnera occasion de vous parler de la Grotte qui est proche de Quingey ; car en effet il y en a une assez curieuse. Et pour ne point faire d'equivoque, c'est la ville de Quingey qui est sur la rivière de la Louve, & non pas la grotte, qui quoyqu'à une lieuë de Quingey n'est qu'à 50.pas du Doux.
Gollut a cru que cette grotte estoit une ancienne minière d'or abandonnée depuis long temps dont le vuide s'étoit rempli par diverses figures formées d'une eau que l'extrême froid glace, & qu'ensuite il endurcit. Le bon homme n'a trouvé sa mine d'or que dans le nom d'un village voisin nommé Aucelle qu'il luy a plu d'appeller en latin Auricella; car il n'y a nulle apparence qu'il y ait jamais eu de mine en cet endroit là.
On y descend par un trou fort étroit & qui n'a que dix ou douze pieds de profondeur. A quelques pas de là on trouve à main droite une voute assez grande & haute, pleine de Chauves-souris du haut en bas. Il ne s'y faut pas arrester; car si l'on inquiete ces animaux, il s'en répand une si grande quantité dans la belle grotte, qu'il est impossible d'y demeurer. Ce seroit dommage qu'on ne la vît pas en repos. Je ne la puis mieux comparer qu'à un grand sallon plein d'antiques & de raretez. En effet on y voit de grandes colonnes qu'on diroit faites exprés pour soûtenir la voute, des statuës & des figures de toutes sortes, des cabinets, des fruits, des fleurs, des festons, des trophées, enfin tout ce qu'on s'imagine ; car il en est de ce sallon enchanté comme des cloches : dans l'un on voit, & aux autres on fait dire tout ce qu'on veut. Dans le temps que j'y fus, il y a cinq ou six ans, il y avoit des orgues parfaitement bien formées : Mais c'est une transformation continuelle. Ce qu'on y voit aujourd'huy est tout autre dans huit jours ; & peut-etre que mes orgues sont devenuës quelque jouëur de viele.
L'unique incommodité qu'il y a à visiter cette Grotte, c'est qu'il faut faire provision de flambeaux & de just'au-corps de toile ; car on n'y voit goute & l'on y gaste ses habits. Le terrain est fort inegal selon que les congelations se sont faites. Il est mesme à craindre qu'avec le temps tout ne se remplisse ; car il y a déjà des endroits où l'on ne peut plus passer qu'avec beaucoup de peine, & un entre autres où il faut se traîner sur son ventre. Mais aussi ceux qui vont au delà en content merveilles, soit qu'ils disent la verité, soit qu'ils cherchent à se dédommager en trompant les autres, de la peine qu'ils ont prise. J'avouë que je n'y voulus pas passer. Ce qui m'en dégouta fut un petit ruisseau dans lequel il falloit presque se coucher pour entrer dans l'autre salle. Je me contentay d'admirer ce qui étoit dans la premiere : Et certes il y avoit de tres belles choses. Il y a plaisir de voir l'eau degoutant sur toutes les figures se fixer, s'épaissir & faire mille grotesques. Tout cela est blanc & fragile tant qu'on le laisse dans la Grotte ; mais ce qu'on en tire s'endurcit à l'air & devient grisâtre. Il n'y a rien de plus joli pour faire des grottes artificielles. C'est là, Monsieur, tout ce que je puis vous dire presentement de ce qu'on appelle la Grotte de Quingey à deux lieuës d'icy (...).

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