Abbé
Jean-Baptiste Boisot - 1686
Commentaire
:
Dans
plusieurs de ses textes, E.Fournier date cette publication
du 9 septembre 1696, et non 1686. Il écrit par
exemple dans Spelunca III-21, en 1899 : "Boisot
(abbé). Journal des savants.1696,
9 septembre, p.287 (et non 1686, 1689, comme on l'a
imprimé)".
En
réalité, la lecture de l'original montre qu'il
s'agit bien de l'année 1686 En
début de texte, rectifie erreur (confusion
Glacière de Grâce-Dieu et grotte
d'Osselle).
A Paris
chez Jean Cusson ruë S.Jacques, à S.Jean
Baptiste 1686. Né
à Besançon en juillet 1638 était
collectionneur et érudit. Il fonda la
Bibliothèque publique de Besançon en
1694.
Extrait
: Extrait
d'une lettre de M.Boisot Abbé de S.Vincent à
M.l'Abbé Nicaise, touchant la Glacière de
Besançon & la Grotte de Quingey,
communiquée à l'Auteur du Journal. (...) Cela
me donnera occasion de vous parler de la Grotte qui est
proche de Quingey ; car en effet il y en a une assez
curieuse. Et pour ne point faire d'equivoque, c'est la
ville de Quingey qui est sur la rivière de la Louve,
& non pas la grotte, qui quoyqu'à une lieuë
de Quingey n'est qu'à 50.pas du Doux.
"Journal
des Sçavans", Paris, p.287-288
page
287
Mort à Besançon le 4 décembre 1694
Fait ses études à Besançon, puis
à l'université de Dole, puis à Paris
où il se lie avec Pellisson, Melle de Scudery, Spon,
le P. André.
Lors de la conquête par Louis XIV, part en exil
(voyages en Italie et en Espagne).
Après la paix de Nimègue, se rallie à
la France. Louis XIV lui accorde l'abbaye de
Saint-Vincent de Besançon, le 3ème
bénéfice de la province conquise.
Rachète les papiers du Cardinal de Granvelle, les met
à la disposition des érudits.
Lègue sa riche bibliothèque à la ville
de Besançon, origine de la bibliothèque
municipale.
A écrit des communications pour le 'Journal des
Savants'.
Gollut a cru que cette grotte estoit une ancienne
minière d'or abandonnée depuis long temps dont
le vuide s'étoit rempli par diverses figures
formées d'une eau que l'extrême froid glace,
& qu'ensuite il endurcit. Le bon homme n'a
trouvé sa mine d'or que dans le nom d'un village
voisin nommé Aucelle qu'il luy a plu
d'appeller en latin Auricella; car il n'y a nulle
apparence qu'il y ait jamais eu de mine en cet endroit
là.
On y descend par un trou fort étroit & qui n'a
que dix ou douze pieds de profondeur. A quelques pas de
là on trouve à main droite une voute assez
grande & haute, pleine de Chauves-souris du haut en
bas. Il ne s'y faut pas arrester; car si l'on inquiete
ces animaux, il s'en répand une si grande
quantité dans la belle grotte, qu'il est impossible
d'y demeurer. Ce seroit dommage qu'on ne la vît
pas en repos. Je ne la puis mieux comparer qu'à un
grand sallon plein d'antiques & de raretez. En
effet on y voit de grandes colonnes qu'on diroit faites
exprés pour soûtenir la voute, des statuës
& des figures de toutes sortes, des cabinets, des
fruits, des fleurs, des festons, des trophées, enfin
tout ce qu'on s'imagine ; car il en est de ce sallon
enchanté comme des cloches : dans l'un on voit,
& aux autres on fait dire tout ce qu'on veut. Dans
le temps que j'y fus, il y a cinq ou six ans, il y avoit des
orgues parfaitement bien formées : Mais c'est
une transformation continuelle. Ce qu'on y voit
aujourd'huy est tout autre dans huit jours ; &
peut-etre que mes orgues sont devenuës quelque
jouëur de viele.
L'unique incommodité qu'il y a à visiter cette
Grotte, c'est qu'il faut faire provision de flambeaux &
de just'au-corps de toile ; car on n'y voit goute &
l'on y gaste ses habits. Le terrain est fort inegal
selon que les congelations se sont faites. Il est mesme
à craindre qu'avec le temps tout ne se
remplisse ; car il y a déjà des endroits
où l'on ne peut plus passer qu'avec beaucoup de
peine, & un entre autres où il faut se
traîner sur son ventre. Mais aussi ceux qui vont
au delà en content merveilles, soit qu'ils disent la
verité, soit qu'ils cherchent à se
dédommager en trompant les autres, de la peine qu'ils
ont prise. J'avouë que je n'y voulus pas
passer. Ce qui m'en dégouta fut un petit
ruisseau dans lequel il falloit presque se coucher pour
entrer dans l'autre salle. Je me contentay d'admirer ce
qui étoit dans la premiere : Et certes il y
avoit de tres belles choses. Il y a plaisir de voir
l'eau degoutant sur toutes les figures se fixer,
s'épaissir & faire mille grotesques. Tout
cela est blanc & fragile tant qu'on le laisse dans la
Grotte ; mais ce qu'on en tire s'endurcit à
l'air & devient grisâtre. Il n'y a rien de
plus joli pour faire des grottes artificielles. C'est
là, Monsieur, tout ce que je puis vous dire
presentement de ce qu'on appelle la Grotte de Quingey
à deux lieuës d'icy (...).