Eugène
Fournier - 1923
Commentaire :
Extrait
: Grotte
d'Osselle (1) et cavités voisines. - La Grotte
d'Osselle est certainement la plus connue et la plus
anciennement connue de toutes celles des environs de
Besançon et même de Franche-Comté. Elle
est, depuis longtemps, aménagée et, depuis
quelques années, on y a même installé
l'éclairage électrique. Dès le milieu
du XVIII° siècle (1751 à 1763), on y
avait exécuté des travaux de
désobstruction et d'élargissement de galeries
et l'on y avait même organisé des fêtes;
c'est aussi à cette époque qu'a
été construit le pont qui permet de traverser
le cours d'eau souterrain. (1)
Spel. n°21,
Mais bien
antérieurement déjà, notamment aux
XVI° et XVII° siècles, cette caverne est
mentionnée dans divers ouvrages, notamment dans
Gollut (Mém. historiques, 1592) et Boisot (Journal
des Savants, 9 septembre 1696). Buckland et Gévril y
ont fait, en 1826 et 1827, des fouilles qui amenèrent
la découverte de nombreux ossements d'Ursus speleus,
qui furent l'objet, en1827, d'un rapport de Cuvier à
l'Académie des Sciences. Fig.1.- Plan
de la grotte d'Osselle (d'après Rochon,
complétée par E.Fournier et A.Magnin)
(2)
Dans cette même
La galerie
principale est d'accès très facile et mesure
environ 900 mètres de longueur ; vers son
extrémité, elle rencontre l'important ruisseau
souterrain sur lequel le pont mentionné plus haut a
été construit. Ce ruisseau provient de
l'entonnoir de Courtefontaine et va ressortir, à
environ 1 kilomètre à l'aval du pont de la
grotte, près du moulin de la Froidière, au sud
de l'entrée, après avoir effectué un
parcours souterrain total d'en-viron 3 kilomètres.
Après la traversée du ruisseau, la galerie
proncipale se poursuit encore pendant environ 150
mètres et se termine par un entonnoir (X) qui forme
regard sur le cours d'eau souterrain à l'amont du
pont (2). Une petite galerie latérale (Z) que
nous avons explorée lors d'une de nos
premières visites de la grotte, le 9 mai 1897,
aboutit aussi à une vasque d'eau, qui est
vraisemblablement en communication latérale avec le
ruisseau à l'aval du pont.
(3)
Spel. n°72,
On raconte
dans le pays que, par les grandes sécheresses, on
peut suivre le ruisseau à l'aval du pont et venir
ressortir à l'extérieur. On dit aussi qu'il y
a une quarantaine d'années, le meunier de la
Froidière se serait engagé dans le cours
d'eau, en bateau, pendant une quarantaine de mètres :
il aurait reconnu l'existence de vastes lacs, mais sa bougie
se serait éteinte et il aurait été
obligé de revenir sur ses pas. Ce qui est beaucoup
plus certain, c'est qu'en mai 1896, Martel et Renauld ont
trouvé la galerie impénétrable,
à l'amont comme à l'aval, et qu'il en a
été de même lors des diverses tentatives
que nous avons faites nous-même. Ainsi, le 15
décembre 1912, MM. Virieux, Démoulin, Boiteux
et moi, nous avons pu, à l'aide d'un bateau Berthon,
nous avancer jusqu'à une quarantaine de mètres
à l'aval du pont et constater qu'à ce moment
l'espace existant entre la surface de l'eau et la
voûte était tout à fait insuffisant pour
laisser passer le Berthon, même en s'y cou-chant
complètement ; vers l'amont, nous avons
été arrêtés à 15
mètres environ du pont par la voûte plongeante
(3). Le 29 juin 1913, nous avons pu constater que les
eaux avaient un peu baissé, mais encore très
insuffisamment pour pouvoir s'en-gager beaucoup plus
profondément. Plusieurs autres tentatives que nous
avons faites plus récemment (notamment le 15 juin
1919 et le 10 avril 1921) ont été
également infructueuses. Je doute même que, par
une grande sécheresse, l'exploration puisse
être faite d'une façon complète : en
tous cas, elle serait très dangereuse, car le
débit varie très rapidement ; si l'on veut
sans trop de risques essayer d'aller plus loin, il faudra
faire quelques travaux d'aménagement. (4)
Spel. n°24, p.31
Nous avons
aussi tenté de remonter le cours d'eau en partant de
la résurgence de la Froidière (celle qui est
la plus voisine du moulin). En 1899, par une grande
sécheresse (4), nous avons pu y
pénétrer sur une longueur d'environ 150
mètres ; nous n'avons pu poursuivre plus loin,
n'étant pas muni, à ce moment, d'un bateau
démontable. Il n'y a aucun doute que cette galerie se
branche, à peu de distance de là, sur le
ruisseau qui alimente la seconde résurgence qui
ressort à 150 mètres environ plus au sud, et
qui n'est pas pénétrable. Le 15
décembre 1912, muni cette fois d'un Berthon, j'ai
essayé de reprendre cette exploration, en compagnie
de MM. Boiteux, Démoulin et Virieux. Malheureusement
les eaux étaient plus hautes que nous ne l'avions
espéré et, après un parcours d'une
vingtaine de mètres, M. Virieux, qui s'était
jeté à la nage, constata qu'il était
impossible de mettre à flot le Berthon dans cette
partie de la galerie, qui est trop étroite, et nous
dûmes renoncer à poursuivre l'exploration. (5)
Spel. n°29, p.11
En effet, en
décembre 1901, nous avons découvert,
près du sentier qui conduit de la Corne de Chaux
à Byans, sur la lisière du Bois des Planches,
en face de Villars-Saint-Georges, au nord--ouest des grottes
d'Osselle, près de Rougeaux, un petit gouffre
(5) dont l'orifice s'ouvre dans le Bathonien moyen,
à l'altitude de 255 mètres environ. MM.
Mansion, Louys ; L. Magnin et Butel, qui l'ont
exploré le 14 janvier 1902, ont constaté qu'il
mesurait 25 mètres de profondeur et se terminait par
un petit lac dont la surface est, par conséquent,
à l'altitude d'environ 230 mètres et qui est,
sans aucun doute, en communications latérales, par
des fissures impénétrables, avec le ruisseau
de la grotte ou avec un de ses affluents. (Fig.3 et 4 ;
p.10). (6)
Spel. n°24, p.31
Au sud de
Château-le-Bois, s'ouvre, dans le Bathonien, une sorte
d'entonnoir dans lequel on descend facilement pendant une
dizaine de mètres ; on aboutit ainsi dans une
espèce de galerie qui conduit au bord d'un gouffre
d'environ 25 mètres, dont le fond est
constitué par des éboulis. Dans la paroi
faisant face à celle par laquelle on descend dans le
gouffre, à une hauteur de 6 mètres au-dessus
du talus d'éboulis, s'ouvre une galerie, longue d'une
trentaine de mètres, remarquable par ses beaux
piliers stalagmitiques et dont le sol est recouvert d'une
couche de guano de chauves-souris, épaisse, en
certains points, de plus de deux mètres. Ces
cavités font partie du même réseau que
la grotte d'Osselle ; le plateau de Château-le-Bois
étant à 359 mètres d'altitude, le fond
du gouffre se trouve à environ 320 mètres, par
conséquent 80 mètres plus haut que
l'entrée de la grotte (6). (7)
Bull. Serv.Carte
Au lieu dit
Essarts Saurin, près de Fourg, existe un petit
gouffre, creusé dans l'Astartien inférieur, et
qui engloutit les eaux d'un petit ruisseau ; il donne
accès dans une galerie étroite et sinueuse,
parcourue par le ruisseau et qui, au bout d'une centaine de
mètres, se termine par une petite mare ; ce cours
d'eau est un affluent de celui d'Osselle et il n'est pas
impossible que ce soit sur son trajet que le gouffre, en
face de Villars-Saint-Georges, se trouve placé
(7).
Près
de cette dernière localité, citons encore le
petit gouffre qui s'ouvre dans le Bathonien
supérieur, près de la limite de Byans et sur
le territoire de cette commune, et une petite grotte dans le
Bathonien moyen, à Fiètre.
"Grottes
et Rivières souterraines", Besançon,
p.5-9
Couverture
p.53-57.
N°24, p.31.
N°72, p.55-56
Cliquer
sur le plan pour l'agrandir
galerie, à droite,
immédiatement après
avoir passé le pont,
plusieurs orifices
retombent sur le
cours d'eau souterrain.
Fig.2.-
Stalactites de la grotte
d'Osselle
p.55-56
En 1897, nous avons aussi essayé de regagner le
ruisseau souterrain par l'amont en descendant dans
l'entonnoir de Courtefontaine qui nous a amené dans
une galerie dans laquelle nous nous sommes engagé
pendant une centaine de mètres, rampant à plat
ventre dans une boue gluante. En amont de l'entonnoir existe
un moulin : il faudrait pouvoir retenir les eaux pendant
toute la durée de l'exploration, car ces eaux coulent
dans la galerie qui est si étroite et si basse que
l'on serait inévitablement noyé si l'on venait
à lâcher les vannes ou si les eaux
débordaient pendant l'exploration ; ce n'est donc que
par une sécheresse exceptionnelle et pendant un hiver
rigoureux, afin d'éviter la surprise possible d'une
pluie d'orage, que l'on pourrait tenter cette exploration
avec quelque sécurité.
L'entrée de la grotte d'Osselle est à
l'altitude de 240 mètres ; la résurgence de la
Froidière est à 220 mètres environ ;
l'entonnoir de Courtefontaine est à 285
mètres. Il y a donc 65 mètres de
différence de niveau entre la perte et la
résurgence ; on pouvait donc s'attendre à
trouver, dans le trajet intermédiaire, des gouffres
de quelque importance.
géol. de France,
n°89, p.464.
Spel. n°29, p.11
Au sud-sud-ouest de Fourg, la grotte de la Baume
creusée dans le Bathonien moyen, a une longueur de 22
mètres, sur la gauche, un petit orifice
débouche dans une galerie de décollement de 25
mètres de longueur environ. La grotte de la Baume se
rattache au réseau souterrain de la faille qui passe
l'est de Fourg et s'étend jusqu'à Byans ;
cette faille absorbe les eaux du petit lavoir au sud-ouest
de Byans, qui vont ressortir à la source du
Château de Fourg. Le ruisseau provenant de cette
source se perd à son tour, pour aller
vraisemblablement ressortir à la source de la Clauge,
il n'est pas impossible qu'une partie de ces eaux aille
aussi rejoindre le réseau d'Osselle.