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Jean Truel et Bramabiau

Jean Truel

Bramabiau, grotte peinte

Les Magdaléniens, il y a quelque 15 000 ans, peignaient à l'intérieur des grottes les grottes elles-mêmes. L'art naissait. Les peintures n'étaient ni imitables, ni consommables, parce qu'il y a 15 000 ans, ces concepts n'existaient pas. Elles étaient admirables et, lorsqu'au cours du XXe siècle, ces peintures furent redécouvertes, elles furent admirées, juste retour des choses.
Aussi lorsque Jean Truel abandonne la peinture dite de chevalet pour peindre littéralement l'intérieur même de la grotte, il renoue avec l'ordre des choses. L'événement s'est produit dans Bramabiau, caverne désormais à plus d'un titre célèbre; à ses dimensions de grotte-modèle d'exploration, de grotte-référence historique, s'ajoute celle de modèle culturel. Jean Truel peint Bramabiau et la chose est neuve, novatrice dans son esprit même, il ne peint pas dans la grotte, il ne peint pas sur ses parois, il peint la grotte, ceci étant à entendre dans les deux sens possibles de l'expression. Il déploie dans Bramabiau les signes et les couleurs de ses tableaux, il réinsère dans la grotte ce qu'il lui avait primitivement arraché.
Il est étrange que notre siècle, si féru en inventions et extravagances, n'ait pas songé, jusqu'en 1990, à investir picturalement les cavernes. Voilà qui est fait. Une partie de la geste de Truel est incluse dans le circuit touristique de Bramabiau. Il convient de mettre en valeur cette première spéléologique qui est aussi une oeuvre salutaire.

Claude Chabert, écrivain-spéléologue