Une exposition de peinture pour commémorer un 400ème anniversaire, surtout lorsqu'il s'agit de "son lycée", m'oblige à faire un retour en arrière pour revenir aux sources de mon inspiration, à ma région. C'est dans le Minervois en compagnie de ma femme Hauviette, que je commence à visiter et à explorer des gouffres et grottes. C'est dans la grotte d'Aldène en 1959, que j'effectue mon premier dessin sous terre. Ma première exposition souterraine a lieu en 1968 dans la Grotte de Clamouse. Plus d'un tiers de siècle me sépare du début de ma peinture et un quart de siècle de cette première exposition souterraine. La trace de cet événement fort laissé à ma mémoire, "des tableaux représentant la grotte à l'intérieur de la grotte", m'a certainement influencé par la suite pour d'autres événements forts, mes peintures pariétales de Bramabiau ont peut-être pris naissance dans la Grotte de Clamouse ces jours de 1968. Confrontée à son image, la grotte nous renvoie à nous-mêmes pour de nouveaux contacts avec la nature métamorphosée par l'Art. J'ai symbolisé cette mise en scène de l'espace, symbolisé par ces tableaux de grottes exposés dans la grotte par une création picturale où la réalité et l'imaginaire se retrouvent dans la médiation de l'espace-tableau. Dans le labyrinthe de la figuration et de la figure, la caverne reliée à sa propre image nous entraîne dans les profondeurs d'un rêve immémorial, dans la fabuleuse végétation de pierre qui orne les parois d'une éclatante blancheur et les gigantesques piliers d'un imaginaire né de la roche calcaire et de l'eau créatrice. Jean Truel