Jacques CHOPPY
  Vous êtes ici : Accueil | Divers  | Personnalités | Choppy
   
   

 


Vers 1959
(photo P. Cabaillot)

Jacques Choppy (1926-2004)

Jacques Choppy, ingénieur, spéléologue scientifique, spécialiste d'art rupestre saharien, nous a quittés le 26 juillet 2004 à l'âge de 77 ans.

Ce titre de faire-part est bref et ne rend pas compte de la richesse d'une vie largement orientée vers la spéléologie.

Né le 24 septembre 1926, il est venu à la spéléologie par le scoutisme, comme beaucoup de nos anciens. Il a d'ailleurs consacré une de ses publications sur le sujet, intitulée Scoutisme et spéléologie. Il a été l'un des premiers membres du Clan de la Verna, fondé en 1947, avec ceux qu'on a appelé "les scouts lyonnais" à la Pierre St Martin et a été Instructeur Régional des Eclaireurs de France, c'est-à-dire cadre formateur en spéléologie pour le scoutisme. Avec les membres du Clan, il a participé aux explorations de l'époque: Bugey, Savoie, Var, Pyrénées, ou en Autriche. A partir de 1954, il mena une vie fréquemment itinérante et prit également part à des explorations en dehors de la France.

A partir de 1960, Jacques a été trésorier-adjoint de la Société Spéléologique de France puis son dernier trésorier de 1961 à 1962 avant la fusion de la Société et du Comité National de Spéléologie. Avec Paul Dubois et Michel Letrône entre autres, il fut l'un des premiers artisans de ce rapprochement qui aboutit à la création de l'actuelle Fédération Française de Spéléologie en 1963.

Familier des Congrès et autres Colloques spéléos, il était inséparable de sa femme, Brigitte Leger qu'il a épousée en 1961. Ils sont parents de 3 enfants. Elle avait déjà de son côté un parcours spéléologique fort honorable: chef du clan scout du Moulin Vert à Paris, elle a participé - entre autres - à l'exploration du Caladaïre, s'illustrant en 1955 par un séjour de 269 heures sous terre.

Dans l'ouvrage cité Scoutisme et spéléo, il résume lui-même sa carrière spéléologique : "en compagnie de sa femme, visita de nombreuses cavités (explorations dans le Nord de l'Espagne) et des sites d'art rupestre à travers le monde". Cette notice est trop laconique pour rendre compte de la réalité de très nombreuses années de fréquentation du monde souterrain.

En 1966, la notice de Pierre Boulanger qui lui est consacrée parle de la découverte de plusieurs kilomètres de galeries dans le complexe Lostrilla-Cuvilla dans la province de Santander, en Espagne. J'ai connaissance d'explos en 1961 dans les zones profondes du Glaz (Brigitte et Jacques, Letrône, Le Bret, Frachon). Ils ont visité au moins 35 pays, de la Bulgarie au Tchad (l'Ennedi) en passant par l'Australie, Cuba ou la Libye.

 


Photo Club Alpin Français

 


En 2002
(photo D. Chailloux)

 

 

Après leur mariage, Brigitte et Jacques ont dirigé leur passion vers les peintures rupestres, et particulièrement celles d'Afrique et d'Afrique du Nord. Cette année encore, il était au Soudan en janvier-février et au Zimbabwe en mai-juin. Il avait une importante collection de relevés pariétaux et de photos de sites, y compris de photos stéréoscopiques, très utiles pour l'étude de ce type de peintures. Sa compétence était reconnue jusqu'au Ministère des Affaires Culturelles.

La photo était également pour lui moyen de documentation; il en a réalisé une quantité impressionnante, qu'on retrouve au détour de publications ou même de comptes rendus d'activités, sorties, visites et autres joyeusetés de Congrès.

Je ne veux pas passer sous silence son implication dans la grotte de Clamouse, aménagée entre 1963 et 1965 par un petit groupe de spéléologues réunis dans la société d'exploitation G. Vila & Cie, avant d'arriver à l'aspect qui sans doute le caractérise le plus, à savoir ses qualités de bibliophile et de documentaliste.

Je reprends les paroles de Daniel Teyssier : "Jacques Choppy écrivait principalement des ouvrages de vulgarisation scientifique. D'aucuns ont fait la fine bouche devant de telles réalisations, ne leur reconnaissant pas le caractère d'authentiques travaux de recherche. Mais Jacques n'était pas choqué d'être présenté comme un "vulgarisateur"; l'oeuvre correspondait à l'attente du public spéléo qui - même quand il prétend à une démarche scientifique, et même quand effectivement il s'y hausse - possède rarement les connaissances de base. Et, pour faire de la vulgarisation comme le faisait Jacques, il faut vraiment beaucoup de talent."

Sa bibliographie donnera aisément la mesure de l'énergie qu'il a consacrée à cette tâche.

Jean-Claude Frachon me racontait l'anecdote suivante: "dans les années 1960, Jacques Choppy avait collaboré à l'inventaire spéléologique du Jura, initié par le B.R.G.M. Comme je recherchais de la documentation sur le Lison et la grotte Sarrazine; je me suis adressé à lui, à tout hasard. Par retour de courrier, j'en ai reçu la bibliographie quasiment exhaustive. Il fallait que ce soit un Parisien comme lui pour me la fournir!"

Jacques possédait une collection d'ouvrages de spéléologie extrêmement importante. J'ai eu l'occasion de travailler avec lui dans cette montagne de documents à l'occasion de mes recherches pour l'édition de ma Bibliographie Spéléologique et suis resté impressionné par ce qu'il possédait. Il avait d'ailleurs loué un petit appartement en banlieue parisienne pour y ranger sa documentation. Il ne se considérait pas comme collectionneur, mais je me permets de le qualifier de bibliophile.

Il a légué cette bibliothèque spéléologique à l'Université de Chambéry.

Comme la vulgarisation, la diffusion des connaissances ne passe pas uniquement par l'écrit, il avait entrepris d'organiser une manifestation scientifique annuelle, qu'il avait appelée "les Rencontres d'Octobre". Fondées en 1991, ces Rencontres se continuent, mais cette quatorzième édition sera bien triste sans lui. Elles seront organisées par Jean Yves Bigot à qui il avait passé le flambeau l'an dernier.

Il est décédé suite à de graves problèmes cardiaques ayant engendré de nombreuses complications. Peu avant son décès venait de paraître le vingt-huitième Mémoire du Spéléo Club de Paris, Cavernes et Légendes qui restera sa dernière oeuvre. Il a eu le temps de préparer avec sa famille la finalisation des travaux en préparation, dont un titre sera peut-être sa synthèse: "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les grottes sans oser le demander".

C'était un grand personnage!

Jean-Marc Mattlet

(transmis par l'auteur,
d'après
Spéléo-Info n°170
Novembre-décembre 2004)

Sources de documentation :

Internet - liste française / "Grottes et Abîmes" de p. Boulanger / "Scoutisme et Spéléologie" (lui) / J. C. Frachon / "Clamouse : cinquante ans de recherches" J Choppy, P. Dubois éditeurs