Une exploration spéléologique
qui finit mal...
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Cette galerie 1 nous amène dans une salle de grandes dimensions où prenons quelque repos. Cinq galeries identiques partent de là. Certes, nous ne nous attentions pas du tout à aller aussi loin, aussi R. propose d'organiser une seconde expédition mieux adaptée, soit en effectif, soit en matériel. Quant à nous, emportés au mépris de toute prudence par le démon de la découverte, nous sommes unanimes à vouloir continuer, quitte à abandonner encore des objets afin de faire une reconnaissance rapide avec un équipement ultra-léger.

Nous laissons donc sur un gros bloc détaché de la voûte nos vareuses, nos musettes et le chien. Il nous a fait perdre assez de temps à le hisser et le descendre à chaque instant. Nous prenons cependant la précaution de lui attacher la lampe de poche au cou, afin qu'il n'aille pas s'égarer en des endroits où l'on perdrait derechef du temps à le chercher et le retirer. Nous abandonnons aussi l'encombrante lampe à carbure, après en avoir fermé le pointeau.

Une varappe de 3 mètres nous amène dans la galerie baptisée 2, qui nous paraît la plus prometteuse. Nous sommes en bras de chemise et n'avons que le photophore électrique de G. comme luminaire. Effectivement, l'avance est très rapide ainsi allégés, aussi nous serons de retour à la salle des sacs dans quelques minutes.

Nous avons déjà passé 5 bifurcations sans baliser, lorsqu'un incident stupide arrête notre progression.

G. qui examine une profonde et étroite faille heurte du front la voûte en se redressant. Le couvercle de son photophore contenant l'ampoule, le réflecteur et la vitre se détache et choit jusqu'au fond.

Que faire ! Aucun fil de fer, ficelle ou bâton sous la main. Pas question de descendre en obscurité totale 5 mètres dans cette faille déchiquetée, s'étranglant jusqu'à 10 cm de largeur par endroits.

G. jambes écartées est toujours immobile sur sa diaclase dans l'obscurité. Le plus pressant est pour le moment de le dégager pour qu'il nous rejoigne sur sol ferme.

Nous renonçons à décrire le temps que nous mettons, les délicates et savantes manoeuvres faites à tâton pour tirer notre ami de sa délicate position. Jamais nous n'aurions pensé qu'un geste aussi naturel de quelques secondes à la lumière puisse devenir un pareil labeur dans la nuit complète.

Une fois réunis à nouveau, nous inventorions nos poches. Il nous reste la pile de G. mais aucune ampoule. Les allumettes et bougies que nous avions pourtant bien recommandé à D. de prendre sont restées dans les poches de sa vareuse à la grande salle, ainsi que le carbure et la lampe.

R. organise sans tarder notre repli dans le noir. La caravane marchera à 4 pattes. R. en avant ausculte la voûte et les parois de droite, G. à sa suite celles de gauche, L. suit, D. ferme la marche.

Ayant mis 10 minutes pour venir, nous nous arrêtons au bout de 20 min., temps au bout duquel nous devrions être à la grande salle. R. a compté 8 bifurcations à droite, G. en a trouvé 5 sur la gauche. Cela fait 13 et nous en avions passé 5 à l'aller. Nous avons certainement dû prendre de petites anfractuosités pour des galeries, aussi R. décide de progresser à vitesse encore plus réduite en tâtant plus à fond les vides latéraux, méthode qui semble bonne car nous trouvons effectivement de petites niches de 1 à 2 m de profondeur.

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