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Article de René Tribut, publié dans
Les Dépêches / Le Progrès (quotidien) du 3 mars 2003
 

Grièvement blessé lors d'une chute dans le gouffre de Val d'Epy,
Bruno Loisy a été évacué dimanche après-midi vers l'hôpital.
Une forte mobilisation de secours avait été nécessaire entre temps
et l'aménagement du parcours au marteau piqueur et à la dynamite.

Un spéléo grièvement blessé
dans le gouffre de la Balme d'Epy

Soudain c'est la chute dans le gouffre de la Balme d'Epy. Un gouffre très connu et apprécié des spéléologues de toute la région, situé entre Saint Julien sur Suran et Coligny.Ce samedi, à 19h, Bruno Loisy qui était en compagnie de quatre autres spéléos d'un club des environs de Bourg-en-Bresse est tombé quelque quinze mètres plus bas. Il est alors sérieusement blessé. Il souffre de fractures aux jambes, au bras, à l'épaule. Certaines sont ouvertes.

Très vite les secours sont alertés. "Vers 20 h nous étions sur place" commente le colonel Aguié commandant les services départementaux d'incendie et de secours du Jura. Et avant 22 heures, sur place, le jeune thermicien, âgé de 29 ans et résidant à Foissia (Ain) est médicalisé. Le jeune homme très sportif qui a longuement pratiqué la plongée sous-marine et s'adonne à la spéléo depuis 5 ans est installé sous une tente où il attendra son évacuation.

Deux hypothèses

Si le blessé sur sa civière a reçu les soins, se pose effectivement la délicate problématique de son évacuation. Soit on le conduit vers la sortie principale à plus de 400 mètres de là, ce qui nécessitera au bas mot une dizaine d'heures de brancardage après les nécessaires travaux de dégagement pour les passages délicats. Il aurait fallu, dans l'hypothèse de cette solution, procéder à des travaux au marteau piqueur et dynamiter.
La seconde solution est de l'évacuer par une sortie toute proche. Les travaux sont là beaucoup plus importants. Mais alors, une fois la voie dégagée pour permettre le passage de la civière, il faudra moins de deux heures de brancardage, dans des conditions un peu plus rudes.
C'est la solution qui est adoptée.

Marteau piqueur et dynamite

Dans la nuit des spéléos arrivent d'une très large région. Sur le site on remarquait des voitures immatriculées dans le Doubs (Baume les dames), dans l'Ain bien sûr (plusieurs groupes) et même dans le 68 (Haut Rhin} et 63 (Puy de Dôme).
Les spéléos se mettent au travail à partir de 2 heures du matin et ouvrent la voie. Il y a de nombreux passages difficiles, certains à angle droit. Ils utiliseront au total près d'une centaine de charges de dynamite pour créer le chemin nécessaire.
Pendant ce temps en surface une importante logistique s'est mise en place. La préfecture du Jura coordonne les opérations sous l'autorité de Pierre Jean Camps, directeur du cabinet du préfet. Le colonel Aguié dirige sur place les opérations des pompiers et les spéléologues, hébergés dans le P.C. mis en place par les pompiers qui leur fournissent l'appui logistique, organisent leurs opérations de secours. Les spéléologues sont les seuls à assurer leurs propres secours. Au total une trentaine de spéléos du secours spéléologique français et 25 sapeurs pompiers ont participé aux opérations.

Premiers gestes de tendresse

Pendant ce temps selon le témoignaged'une jeune spéléo qui a passé la nuit à son chevet, Bruno Loisy a pu dormir. "En plusieurs fois".
Ses parents domiciliés à Bagé-la-Ville (01) arrivaient sur le site en début de matinée. Une longue attente commençait. Sous la tente du P.C. fouettée par les rafales sur le sommet d'une butte et qu'il a fallu plusieurs fois retenir, ils ont suivi minute par minute les opérations. La remontée commençait vers 16 h. Le blessé était amené à la surface vers 17 h 15. Il a fallu encore le brancarder une centaine de mètres sur un parcours boueux et pentu. Enfin sur la route sa mère et son amie pouvaient esquisser, émues, des premiers gestes de tendresse, touchant le visage marqué d'un homme qui malgré sa souffrance a fait preuve de beaucoup de courage dans cette terrible épreuve.
Un hélicoptère évacuait le blessé quelques minutes plus tard.

René Tribut