C.D.S. INFO n°158 - août 1998
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Feuille de liaison bimestrielle du Comité Départemental de Spéléologie du Jura
Rédacteur : Bruno Mischler - Buclans 39170 Saint Lupicin - Tél.: 03.84.42.28.37
 

 

 Editorial

    L'été jurassien a été marqué par un sauvetage exceptionnel qui a engagé une nouvelle fois le spéléo-secours du Jura. Comme c'est curieusement souvent le cas, l'alerte est parvenue à un conseiller technique de l'équipe lors d'une réunion de travail (en l'occurrence la préparation, chez François Jacquier, du congrès régional d'octobre 1998), le 19 juillet.
    Nous ne pouvions imaginer alors que cette alerte allait entraîner une opération de secours d'une ampleur sans précédent dans notre département.
    Un plongeur belge expérimenté n'étant pas ressorti du Bief Goudard (commune de Villard sur Bienne), ses coéquipiers donnent l'alerte. Les recherches pour retrouver le disparu auront duré 5 jours, dans un siphon relativement compliqué, profond (- 60 au point le plus bas), et de plus en plus trouble. Cinq jours durant lesquels se sont succédé des plongées difficiles, risquées, nécessitant l'intervention de spécialistes aguerris et un soutien logistique très important. Cinq jours durant lesquels aussi chacun a espéré retrouver un homme vivant...
    Le sauvetage a basculé brutalement dans l'horreur ce jeudi 23 juillet lorsque, après avoir retrouvé le corps sans vie de Freddy Sonck, on apprenait le décès brutal et incompréhensible d'un des sauveteurs, lors d'une remontée de plongée qui s'était déroulée sans problème particulier.
    Il fallut encore 3 jours pour clore provisoirement cette opération de secours. Seul, le corps de Nicolas Maignan était remonté à la surface, l'eau du siphon étant jugée trop trouble (visibilité rarement supérieure à 50 cm) pour retenter de nouvelles plongées en profondeur.
    Le corps du plongeur belge ne sera finalement remonté que 3 semaines plus tard, lorsque les conditions météo et la visibilité dans le siphon seront considérées comme satisfaisantes.
    Cette opération de secours est donc à classer parmi les opérations "hors norme" (si norme il y a), de celles qui ne ressemblent à aucune autre et font rarement l'objet d'entraînements préalables (et pour cause !) :
    - durée totale = trois semaines ;
    - vingt huit intervenants du spéléo-secours = essentiellement des plongeurs et pas n'importe quels plongeurs, il fallait des spécialistes de la plongée profonde (il en est venu de toute la France) ;
    - nature des interventions : plongées difficiles, en profondeur (qui nécessitaient l'utilisation de mélanges), dans une eau opaque ;
    - pour les six conseillers techniques = tout un tas de problèmes inhabituels à résoudre, et puis le sur-accident, entraînant le décès d'un des nôtres...
    Le bilan est amer, même si nous pensons avoir géré au mieux cette opération de secours.
    Saluons au passage la collaboration efficace des corps constitués (pompiers et gendarmes) ainsi que l'accueil des habitants de Longchaumois (où s'est tenu le PC, entre autres).

P. Lafosse

 Vie du CDS

Activités du Bureau

  • 19 juillet à St Lupicin : réunion de travail pour la préparation du Congrès Régional qui aura lieu à Cerniébaud les 17 et 18 octobre 1998.
  • 19 juillet au 08 août : opération de secours au Bief Goudard.
  • 31 juillet : obsèques de Nicolas Maignan à Montpellier

 Activités des clubs

S.C. La Châtelaine

    Première dans un gouffre en forêt de Chilly sur Salins (39). P4 pour l'instant, mais les travaux en cours nous laissent de bons espoirs de continuation (plus d'info bientôt).
    5 séances de guidage, concernant 47 personnes.
    Visite de classiques (Franche-Comté et Vercors), c'est l'été !

J.M. Dugois

 Spéléo-Secours

Intervention au Bief Goudard

    La résurgence du Bief Goudard (commune de Villard sur Bienne) a été le théâtre de la plus importante intervention du Spéléo Secours Jura. L'opération s'est déroulée entre le dimanche 19 juillet et le vendredi 7 août, soit une durée totale de 20 jours dont 9 sur le site.
    Cette intervention a malheureusement été endeuillée le jeudi 23 juillet par le décès en plongée de Nicolas Maignan. Nicolas était venu, pendant ses vacances, nous aider avec ses collègues des Bouches du Rhône. C'est au retour de sa troisième mission (évacuation du corps de Freddy Sonck) qu'a eu lieu l'accident de plongée dont les causes ne sont pas actuellement formellement établies (l'enquête et notamment les analyses de gaz dans son sang sont toujours en cours). Nicolas était marié, père de Tristan (2 ans) et devait être à nouveau papa d'un petit Antoine qui naîtra courant octobre.
    Le décès de Nicolas s'ajoutant à la découverte du corps de Freddy Sonck a atterré tous les participants de cette opération.
    Il reste maintenant à tirer les enseignements de cette opération, ce qui, vu son ampleur, nécessitera encore plusieurs mois.
    Les colonnes de CDS-Info seraient trop étroites pour vous détailler toute l'opération, aussi, vous ne lirez ci-dessous qu'un résumé succinct.

    Dimanche 19 juillet
    Une équipe de plongeurs expérimentés belges entreprend la visite du Bief Goudard. Le matin, 2 plongeurs nettoient le siphon des fils d'Ariane existants. L'après-midi, 2 autres plongeurs descendent installer un fil jusqu'à la cote -50 m. Le départ a lieu à 13 H 20, et la plongée ne doit durer qu'une demi-heure avec en plus un quart d'heure de palier. L'un des 2 plongeurs attend à -47 et constatant le non-retour de son collègue ressort à la limite de sécurité de sa réserve en air. Un autre plongeur descend jusqu'à -50, en vain.
    L'alerte est donnée auprès de la gendarmerie à 15 heures mais ce n'est que vers 16H30 que Bruno Mischler est alerté. Bruno gère immédiatement le début du secours aidé par François Jacquier et Pascale Lafosse. Éric David et Stéphane Nore, en spéléo au moment de l'alerte sont respectivement contactés sur leur téléphone mobile et se rendent directement sur les lieux afin de rejoindre Bruno.
    La direction opérationnelle du SSF National est alertée, Ruben Gomez et Christian Dodelin effectuent en "arrière plan" des démarches permettant ainsi de soulager les CT sur place, et ce durant toute l'opération.
    Dans la soirée, un PC est établi chez Philippe Arnou à Baptaillards (commune de Longchaumois) et deux plongées de recherche sont engagées : Robert Le Pennec et Bruno Théry entre -55 et - 30m puis Marc Beltrami et Philippe Buiré (SSF01) dans la zone - 30 à la sortie. Les conditions délicates d'intervention et le résultat négatif de ces plongées laissent d'ores et déjà penser que nous nous engageons dans une opération longue ; aussi dans la nuit il est décidé d'établir le PC au village de Longchaumois, bénéficiant ainsi d'une infrastructure adaptée : PC dans la caserne des pompiers permettant une liaison radio directe avec la vasque - Locaux pour les plongeurs - Emplacement pour l'installation d'un caisson hyperbare (sécurisation des plongées).
    Logistique SSF (en plus des plongeurs et CT gérant l'opération) : François Jacquier - Chrystelle David - Christelle Duparchy - Frédéric Marichy.

    Lundi 20 juillet
    Reprise des recherches avec l'arrivée des plongeurs de renfort : Patrick Maniez et Jean Bottazzi (SSF 73) - Bruno Maurice et Laurent Mestre (SSF 01) ainsi que Sylvain Redoutey (SSF 70).
    Les recherches s'axent dans trois directions : ratissage de la diaclase entre -30 et -50, recherche au point bas (-61) ainsi qu'une tentative infructueuse suite à une visibilité médiocre de Sylvain pour trouver la suite du siphon (galerie partant au niveau du point bas).
    Les résultats négatifs de cette journée entraînent une pré-alerte nationale voire internationale de plongeurs disposant des compétences pour intervenir dans la zone des -60 m.
    Nous sommes pénalisés par les explorations en cours à la Doux de Coly (Dordogne) qui mobilisent la majorité des plongeurs français et suisses compétents. Néanmoins, une équipe de Toulouse (Pascal Bernabe, Ludovic Giovarni) est disponible mais son délai d'acheminement est trop long car nous ne pouvons obtenir un avion du ministère de l'intérieur. Une équipe des Bouches du Rhône (Michel Guis, Nicolas Maignan et Patrick Mugnier) peut par contre, être sur le site mardi à midi ainsi que Philippe Brunet (SSF78) et Frédéric Badier (G.S. Haut Jura).
    Plongeur de soutien pour la journée du lundi : Robert Le Pennec.
    Logistique SSF (en plus des plongeurs et CT gérant l'opération) : François Jacquier - Chrystelle David.
    L'équipe des CT est renforcée par l'arrivée de Frédéric Poggia (CTN Plongée du SSF) qui assure la gestion des plongées. Il sera remplacé pendant ses absences par Bruno Théry.
    Les CT sont aussi aidés dans leur tâche par les Coordinateurs Plongée Inter Régional (CPIR) du SSF dès le dimanche soir et jusqu'à la fin des opérations ; ainsi Christian Locatelli (01) est présent au PC lors des debriefing en soirée. Jacques Michel (21), Éric Hadege (16), Bernard Glon (78) effectuent depuis leur domicile des recherches de plongeurs disponibles.

    Mardi 21 juillet
    Reprise des recherches dans les mêmes directions que la veille, Jean Bottazzi finit la recherche dans la diaclase à -40, Frédéric Badier trouve le départ de la galerie à -60 mais chaque plongée, bien que négative, apporte son lot d'éléments d'incertitude. Ainsi Patrick Mugnier a remonté une diaclase jusqu'à - 20 m au-dessus du point bas, il s'est arrêté sur passage trop étroit pour lui mais n'exclut pas la possibilité que Freddy ait pu déboucher dans une cloche. Entre temps, Jean-Jacques Bollanz (suisse), plongeur qui a exploré le terminus du Bief Goudard est joint en Zambie d'où il nous transmet de mémoire des éléments utiles pour les recherches.
    Plongeurs de soutien : Michel Guis - Nicolas Maignan - Patrick Mugnier
    Logistique SSF (en plus des plongeurs et CT gérant l'opération) : François Jacquier.

    Mercredi 22 juillet
    Sylvain Redoutey explore la diaclase entrevue par Patrick la veille. Résultat négatif par une visibilité de l'ordre de 50 cm. Philippe Brunet explore des départs de galeries dans la zone -61m, résultat négatif. Frédéric Badier poursuit la galerie à - 60 et trouve à 140 m du point bas un bouchon de conteneur d'accumulateur qui, après expertise, (notamment par notre spécialiste en chromage : Robert Le Pennec) s'avère appartenir sans aucun doute à Freddy. Ce nouvel élément conditionne les recherches du jeudi qui vont s'axer sur la suite de cette galerie. Frédéric Badier, victime d'un accident mineur de décompression vraisemblablement dû aux conditions psychologiques de sa plongée sera traité dans le caisson hyperbare pendant quelques heures.
    Luigi Casati (Plongeur italien de S.S. Suisse et J.J. Bollanz) sont mis en alerte pour une intervention vendredi. Jean-Marc Lebel, plongeur de Nancy, habitué aux plongées profondes sans visibilité nous rejoint.
    Plongeurs de soutien : Philippe Buiré - Nicolas Maignan - Laurent Mestre.
    Logistique SSF (en plus des plongeurs et CT gérant l'opération) : Jean-Luc Gabet - Laurent Rouchon.

    Jeudi 23 juillet
    Lors de la première plongée, Sylvain Redoutey retrouve le corps sans vie de Freddy à 180 m du point bas, il commence son évacuation sur 20m puis c'est Patrick Mugnier qui prend le relais sur 30 m. Une étroiture rendant la poursuite de l'évacuation délicate avec un seul plongeur, Philippe Brunet et Nicolas Maignan s'engagent et rapprochent le corps jusqu'au point bas. C'est au retour de cette mission que Nicolas perdra la vie. Cette nouvelle atterre les sauveteurs, les opérations sont suspendues.
    Au cours d'une réunion en pleine nuit avec le Préfet, l'opération de secours prend fin pour être immédiatement reprise sous forme d'opération judiciaire (puisqu'il s'agit maintenant de remonter à la surface deux corps). La direction de cette opération est confiée au Spéléo Secours Français pour sa partie technique et les mêmes intervenants sont chargés de continuer le travail commencé.
    Christian Dodelin, président du SSF et CTN est venu renforcer l'équipe des CT.
    Plongeurs de soutien : Michel Guis - Jean-Marc Lebel.
    Logistique SSF (en plus des plongeurs et CT gérant l'opération) : Jean Luc Gabet - Denis Millet - Laurent Rouchon.

    Vendredi 24 juillet
    Cette journée est consacrée à la préparation de la suite des opérations d'évacuation prévues samedi. Un soutien psychologique et psychiatrique est apporté aux participants par des médecins spécialisés du CHS de Dole.

    Samedi 25 juillet
    L'évacuation du corps de Nicolas est effectuée dans la matinée par Bruno Thery assisté de deux plongeurs-spéléo gendarmes de St Jean de Luz. Francis Bornéa (SSF01), Robert Le Pennec, Jean-Marc Poncin (SSF01) et Marc Staticelli (SSF74) assurent le soutien de cette phase ainsi que de la plongée de l'après-midi. Cette plongée est effectuée par Jean-Jacques Bollanz et Sylvain Redoutey afin de tenter l'évacuation du corps de Freddy. Les conditions de visibilité conjuguées au besoin de rééquiper le siphon (Nicolas ayant, lors de son accident, violemment tiré sur la corde et détaché celle-ci) ne permettent pas aux deux plongeurs de localiser le corps.
    Le soir la décision est prise par le SSF de suspendre les recherches pour 8 à 15 jours.

    Dimanche 26 juillet
    Désactivation du PC dans la journée.

    Du lundi 27 juillet au mardi 04 août
    Surveillance quotidienne depuis la vasque des conditions de visibilité et de débit de la résurgence. Deux périodes pluvieuses (27-28 juillet et 01-02août) ont en effet entraîné une crue.
    Cette surveillance est effectuée à tour de rôle par : Éric David - François Jacquier - Béatrice Jarrafoux - Bruno Mischler - Stéphane Nore et Robert Le Pennec.
    En parallèle, un suivi des disponibilités des plongeurs est effectué par les CT (quelques centaines de coups de fils).

    Mercredi 05 août
    Une plongée de reconnaissance est engagée dans la soirée (Robert Le Pennec et Bruno Thery). Les conditions ne sont pas optimales mais semblent suffisantes. De plus, la météo est stable pour les jours à venir. La décision est prise d'engager les opérations à partir du vendredi 08.

    Jeudi 07 août
    Préparation de l'intervention. Seront présents pour la gestion : Christian Dodelin, Dominique Boemare (gestion), Frédéric Poggia, Éric David, Stéphane Nore, Bruno Mischler.
    Plongeurs : Frédéric Badier, Pascal Bernabé (SSF31), Benoît Poinard (SSF31), Robert Le Pennec ainsi que deux gendarmes de St Jean de Luz.

    Vendredi 08 août
    La première plongée de Frédéric et Pascal soutenus par Robert Le Pennec permet de remonter le corps à -6m, les gendarmes peuvent faire les constats d'usage et nous, enfin souffler.

E. David

Solidarité

    Tel pourra rester le souvenir de l'intervention au Bief Goudard.
    Solidarité des sauveteurs du SSF sur place qui ont pour la plupart écourté leurs vacances, ou alors, non sans créer d'importants problèmes avec leurs employeurs, sont restés une semaine sur place.
    Solidarité des plongeurs français et suisses qui se sont tenus à disposition.
    Solidarité des spéléos jurassiens qui se tenaient à disposition "au cas ou" et qui régulièrement nous ont contactés.
    Solidarité des spéléos belges, les collègues de la victime qui sont restés à Longchaumois, et Bernard Urbain, Président de la fédé belge qui a effectué trois déplacements dans le Jura.
    Solidarité des Sapeurs Pompiers du Jura et du Doubs, plus de 110, ont à tour de rôle, pris part à cette opération. Et tous, dans leur domaine de compétences, se sont mis à notre service.
    Solidarité des services de la Préfecture qui ont répondu à toutes nos demandes.
    Solidarité des autres corps constitués (Gendarmerie de St Claude - PGM des Rousses - Sapeurs Pompiers de Nancy et La Ciotat) pour le transport des plongeurs.
    Mention spéciale aux habitants de Longchaumois. Bien que l'opération se déroulait sur le territoire de la commune de Villard sur Bienne, les possibilités d'accès nous ont fait nous installer à Longchaumois, et là, l'accueil a été au-delà de ce que nous pouvions attendre : Mise à disposition de chambres pour les sauveteurs (petit déjeuner inclus !) - ravitaillement assuré par les pompiers de Longchaumois (repas servi style resto !), bien qu'eux aussi soient en vacances ou aient dû s'absenter de leur travail.

E. David

Mille excuses

    Aux collègues qui trouvent que la commission secours occupe trop de place dans les numéros de CDS Info, croyez-nous, nous aurions préféré aller sous terre ou vaquer à d'autres occupations que d'avoir à participer à cette opération et vous la relater.

E. David

Exercice secours - Borne aux Cassots 98

    Fin juin, s'est déroulé le barnum initialement prévu fin 97. Cet exercice a regroupé 65 sauveteurs venant pour la plupart du Jura mais aussi des Ardennes, de Troyes, de la Saône et Loire et de l'Ain.
    Cet exercice était basé sur la recherche de deux spéléos non ressortis de la cavité sans que l'on n'ait beaucoup d'éléments sur leur situation dans celle-ci. Ainsi, Sylvain Collin et Bruno Mischler se retrouvèrent confrontés à des choix délicats sur l'axe des recherches à engager. D'autant plus que les victimes (Sam Colas et Philippe Dole du GRSB) avaient laissé présager qu'ils ne faciliteraient pas la tâche aux sauveteurs. La plupart des participants aux équipes de recherche sont ainsi allés dans des réseaux qu'ils ne connaissaient pas (ceci faisait aussi partie des buts de cet exercice). Les victimes ont ainsi été localisées vers 17 h 00, ce qui semble tout à fait correct au vu de la cavité et des éléments de départ.
    Une deuxième phase de cet exercice était basée sur un sur-accident fictif de l'un des sauveteurs permettant ainsi la mise en ouvre des équipes assistance victimes, médicale, désobstruction et évacuation.
    Sur le site, nous avons reçu la visite du Capitaine Baudou représentant le SDIS, des gendarmes du PGM des Rousses qui ont attentivement observé notre organisation afin d'en tirer des éléments dans leur organisation en secours ainsi que M. Olivier Heinen, Directeur de la Protection Civile qui a fait deux incursions sous terre, désireux de constater de visu le travail des équipes de secours.
    Le bilan global de cet exercice n'a pas encore été effectué à cause de l'opération au Bief Goudard, il n'est que reporté car ce type d'opération est riche en enseignements pour nous améliorer.
    Je tiens enfin à remercier tous les participants pour leur disponibilité et leur action envers le Spéléo Secours.

E. David

 Divers

La lettre de Sandra

    Aujourd'hui, 25 juillet 1998, j'ai serré dans mes bras, mon mari, Nicolas Maignan, inerte, froid, sans vie.
    Il a quitté pour toujours sa femme, Sandra, 24 ans, son petit garçon de 2 ans, Tristan, et celui qui grandit jour après jour dans le ventre de sa maman.
    Hier, j'ai dû supporter les cris de mon enfant, réveillé à 2 heures du matin par les gendarmes venus annoncer la mort de son papa.
    Demain, je devrai lui expliquer avec des mots que je ne connais pas que ce papa qu'il demande sans cesse ne reviendra pas.
    Dans 4 mois, je devrai accoucher seule de notre deuxième enfant.
    Nous avons perdu ce que nous avions de plus cher au monde, et pour eux, je veux dire notre souffrance.
    Un jour d'été, un spéléologue, épris d'aventure a mis sa vie en péril et s'est noyé dans un gouffre.
    Mon mari, Nicolas Maignan, comme tant d'autres sauveteurs est venu à son secours sur réquisition du Préfet.
    Pour lui, il ne s'agissait pas de loisirs mais de son travail, un travail exemplaire qui consiste à secourir la détresse partout, à tout moment, à toute heure : dans le RER, un jour d'attentat, à 30 mètres sous terre pour sauver un spéléologue, à n'importe quelle heure pour maîtriser un feu ...
    Ce gouffre a emprisonné mon mari et notre vie est détruite à jamais.
    Nicolas n'était ni un casse cou, ni une tête brûlée : c'était simplement un expert en secours, professionnel, prudent, rigoureux.
    Je n'ai pas à ce jour, connaissance des causes exactes de son décès, mais je sais qu'il n'est pas responsable de ce drame qui nous afflige. Ses supérieurs confirment unanimement l'exemplarité de son travail.
    Pour lui je revendique tous les honneurs de la société : il a donné l'essentiel de son temps, travaillé sans relâche pour devenir performant et défendre la vie.
    Chacun de ses départs pour une intervention était pour nous une souffrance que nous acceptions, certains de le revoir. Aujourd'hui, il n'est pas revenu.
    Pour ma famille, pour tant d'autres familles de sauveteurs décédés et vite oubliés,
    Pour moi et pour tant d'autres femmes qui gèrent seules leur peine,
    Pour mes enfants et pour tant d'autres enfants privés de leur papa, je veux demander réparation.
    Nicolas a donné sa vie pour les autres :
    QU'HONNEURS LUI SOIENT RENDUS,
    ET QU'IL RESTE DANS NOS COURS ET DANS NOS ESPRITS A JAMAIS.

Sandra Maignan

Prise d'otages

    Récemment (juillet 1998), deux otages français enlevés début juin par des pirates somaliens ont été libérés.
    L'un d'eux, originaire de Frontenay (Jura), n'est autre que Jean-François Peyrani, autrefois membre du G.R.S.Polinois, et avec lequel plusieurs d'entre nous ont eu l'occasion de pratiquer la spéléo.

J.C. Frachon

Papy fait du rangement

    En rangeant quelques papiers, je redécouvre une carte de visite de Jean Colin (*), qu'il m'avait adressée en août 1968 à l'occasion de mon mariage. En voici le contenu :
    Jean COLIN :
    Receveur Central de l'Enregistrement par nécessité, cavernicole par vocation et tous les camarades du Spéléo-Club San-Claudien adressent au Cher Ami leurs plus argileuses félicitations et lui souhaitent bien sincèrement de jouir (**) parmi les joints, failles et diaclases de l'existence d'un "septième ciel" richement concrétionné.

    J.C. Frachon

    (*) Pionnier de la spéléologie dans le Haut-Jura (1909-1971), longtemps chef de file du S.C.San-Claudien.
    (**) Ouf ! Là, il faut tourner le bristol pour lire la suite au dos !

Carnet blanc

    Le S.C.La Châtelaine a l'honneur de vous annoncer le mariage de son Président d'honneur (et fondateur), Dugois Bernard avec la charmante Micheline. La haie d'honneur a été assurée par quelques casques pas toujours très propres (bon, on n'a pas eu le temps de les nettoyer, ils étaient encore sous terre le matin !). Meilleurs voux et surtout, bon courage !

J.M. Dugois

La spéléo et le dopage

    Bien sale affaire que vit le S.C.La Châtelaine en ce moment : en effet, une voiture appartenant au club a été l'objet d'un contrôle douanier la semaine passée. A l'intérieur, les douaniers ont saisi la bagatelle de 104 doses de K.R.O. conditionnées en 25 cl, produit d'origine alsacienne et inscrit sur la liste des substances hautement dopantes.
    Quelques membres ont eu la désagréable surprise de se faire attendre à la sortie de la Borne aux Cassots par un groupe de dépistage de la L.A.A. (Ligue Anti Alcoolique) : tous positifs à la K.R.O.
    Des perquisitions ont eu lieu chez les responsables, et un certain nombre de produits ont été saisis (K.R.O. bien sur, mais aussi du Pinnarre, du Lapérho et même du Lagnaulle).
    A cette heure, les membres du bureau ont été mis en examen sous le chef d'inculpation de détention de produits dopants et incitation à la débauche, mais remis en liberté.

J.M. Dugois

La fête au village

    Le S.C.La Châtelaine vous invite à nous rejoindre le samedi 5 septembre 1998 à partir de 20 heures, pour un bal gratuit, préambule de la fête du tricentenaire du clocher du village.
    Sur place vous pourrez faire cuire vos grillades (que vous aurez eu la bonne idée d'amener, ben oui c'est comme ça !), danser et vous désaltérer. A signaler que les spéléos auront droit à une boisson gratuite.
    La fête continuera le lendemain, mais là, ce n'est plus de notre ressort !

J.M. Dugois

Sauvetage dans le Vercors

    Sacré Pascal ! À peine remis de ses blessures de guerre, notre Bordelais préféré n'a rien trouvé de mieux que d'aller effectuer un petit sauvetage dans la grotte du Bournillon. En effet, alors qu'il effectuait la visite en touriste, il a entendu des cris provenant de la vire : deux personnes (non spéléos) se sont retrouvées bloquées derrière la vire sans éclairage (en panne !). Pascal a donc équipé cette vire pour permettre la sortie de nos deux acrobates. Même plus moyen d'être tranquille en vacances !

J.M. Dugois

 Pris dans la Toile

Mise à jour

    Il ne faut jamais acheter les nouvelles mises à jour de n'importe quel produit de votre vie quotidienne !
    L'année dernière, un de mes amis, appelons-le Bobby, décide de se mettre à jour. Il a donc fait passer son programme Petite Amie version 12.4 vers Épouse v1.0. Malheureusement, il s'est vite rendu compte que ce programme accaparait beaucoup de ressources système et laissait peu de place pour les autres applications.
    A son grand étonnement, il a aussi vu son nouveau programme créer des sous-routines appelées Enfants 1.0, parasites bruyants et coûteux, surtout les premières années. Bien évidemment tous ces petits problèmes n'étaient absolument pas précisés sur la boite d'emballage ou dans la notice d'utilisation. D'autres utilisateurs l'ont prévenu qu'ils rencontraient exactement les mêmes incidents. De plus, Épouse 1.0 se lance dès le démarrage de la machine et supervise toutes les autres activités du système.
    Autre point irritant : ce nouveau programme entraîne le plantage quasi-systématique d'applications pourtant vitales telles que - WE Spéléo 4.3, Soirée Beuverie 7.5, Sexe Orgiaque 2.2.
    En installant Épouse 1.0 l'utilisateur n'a aucun contrôle sur l'opération et se retrouve donc obligatoirement avec des plug-in indésirables tels que Belle Mère 54.7 ou Beau Frère version Bêta.
    De plus, le programme a l'air de s'altérer avec le temps qui passe (sans compter des perturbations tous les 28 jours environ).
    Il faudrait donc que soit créé Épouse version 2.0 ; voici quelques options utiles qu'elle devrait contenir :
    - Un bouton arrête de me le rappeler !!
    - Un bouton Minimise, pour placer le programme en tâche de fond.
    - Un bouclier d'installation permettant de désinstaller le produit à tout moment, sans perte de mémoire, cash, et autres ressources (divorce error).
    - Une option Promiscuité permettant de réactiver les fonctions sexuelles abandonnées lors du passage de Petite Amie vers Épouse.
    Attention, Épouse 1.0 contient un bug non référencé. Si vous essayez d'installer Maîtresse 1.1 avant de désinstaller Épouse 1.0 cette dernière effacera de votre disque dur MS Money avant de s'effacer elle-même. Dans ce cas Maîtresse 1.1 refusera de s'installer, à cause de ressources système insuffisantes.
    Pour éviter ce bug, essayez d'installer Maîtresse 1.1 sur un autre système que celui qui abrite Épouse 1.0 ; attention, n'utilisez jamais de programme de transfert entre ces deux systèmes ! Méfiance aussi, Maîtresse 1.1 peut contenir des virus susceptibles d'affecter le bon fonctionnement de Épouse 1.0.
    Pour ma part, j'ai décidé d'éviter tous les problèmes associés à Épouse version 1.0 en restant sur ma Petite Amie 2.0. Néanmoins j'ai quand même rencontré quelques ennuis que je vais vous faire partager :
    Apparemment il n'est pas possible d'installer Petite Amie 2.0 par dessus Petite Amie 1.0 ; il faut d'abord désinstaller Petite Amie 1.0. Les autres utilisateurs me font savoir que c'est un bug éternel et que j'aurais du être au courant ; il semblerait que cela soit un conflit de port I/O. De plus le programme de désinstallation ne fonctionne pas très bien et laisse des traces de l'application précédente dans le système (sous forme de mobiliers cassés et de sous-vêtements oubliés).
    Un autre petit point noir : toutes les versions de Petite Amie envoient régulièrement des messages à l'utilisateur lui vantant les mérites de la mise à jour vers Épouse 1.0

 La Boutique

Erratum

    Suite à une erreur de la part de notre fournisseur dans la commande de carbure de ce printemps, il reste deux fûts à vendre, disponible de suite au prix de 500 F pièce.
    Si vous êtes intéressés, vous pouvez contacter :
    Denis Millet - Anchay 39240 Lavans sur Valouse (03.84.48.50.40)

Lu (et vu) pour vous

Le Progrès - Les Dépêches (quotidien)

    Semaine du 20 juillet 1998
    Une série d'articles sur le sauvetage du Bief Goudard.

France 3 région

    Semaine du 20 juillet 1998
    Plusieurs reportages sur le sauvetage du Bief Goudard.

France 3 national

    04 août 1998
    Quelques minutes sur la formation des cavités pour le jeu télévisé "la carte aux trésors" (voir CDS Info de juin pour le tournage des images).

    27 août 1998
    Quelques minutes sur la civière plongée du SSF national. On y reconnaît les Dijonnais en plein exercice secours et notamment Jacques "Benjamin" Michel (sous-titré tel que au bas de l'écran !).

P. Lafosse

Des cavernes et des hommes

    De Christophe Gauchon. Thèse soutenue à l'institut de géographie alpine de Grenoble en janvier 97.
    246 pages, de nombreuses topographies et photos pour étayer cette impressionnante étude sur l'emploi des cavités souterraines naturelles par l'homme à travers les âges. Pendant 15 ans, l'auteur a sillonné les massifs calcaires français et leurs grottes à la recherche d'aménagements anciens et autres témoignages attestant de leurs utilisations les plus diverses par nos aïeux.
    Le Jura est particulièrement bien représenté avec 37 cavités. Signalons au passage : la Caborne du Bouf, les grottes des Célarys, de Chancia, de Coinans, des Foules, du Maquis, la Cave à Fromage, la baume à Varroz etc. Le gouffre de Haut-Crêt et l'Inaccessible de Vaucluse trouvent une place toute particulière dans cet ouvrage. L'épopée des mystérieux chercheurs d'or et de l'énigmatique David n'ont pas manqué d'éveiller l'intérêt de l'auteur qui est venu, en solitaire, visiter ces deux cavités dans les moindres détails.
    Un bel ouvrage qui mérite sa place dans bien des bibliothèques.

F. Jacquier

A noter

    09 au 11 octobre
    Exercice inter-régional à la Combe aux prêtres (Cote d'Or) - mise en ouvre de la civière plongée du SSF - Une équipe du SSF 39 sera la bienvenue.

    07 au 11 novembre
    Stage Assistance Victime SSF National - Base de la Roche (Champagnole) - Les spéléos jurassiens sont invités à passer nous voir (appeler avant pour être sûr de trouver quelqu'un) ainsi qu'au vin d'honneur d'ouverture du stage le dimanche 8 à 12h.

    21-22 novembre
    À Francheville (21), rencontre technique des CT du nord-est de la France.