De l'eau verte et figée aux entrailles du sol Une forêt de pierre, un
jour, a pris son vol. L'air, chargé de silence, a dressé les colonnes De
cette cathédrale où nulle voix ne sonne.
Des bras pétrifiés retiennent leur élan; Un dragon ténébreux se
déchire le flanc; Et le vol d'un oiseau s'éternise aux ogives De ce temple
muet aux lumières d'olives.
Alors, l'esprit s'évade et rejoint l'absolu. Le Temps a fait ici tout
ce qu'il a voulu. Il a, dans le cercueil, posé le drap des noces, Il a
brisé l'évêque et dessiné sa crosse.
La Vierge sans l'enfant sourit : elle sait bien Que le temps sortira
de la pierre ce rien, Cette absence qui pèse au creux de son épaule; Que
le temps lui rendra son enfant et son rôle.
Le château fort sommeille au coeur de la Cité. Un murmure surgit de
cette obscurité Et le vaisseau fantôme a des archets pour rames. Il passe,
il est passé, porteur de mille flammes.
Était-ce un rêve étrange ou la réalité ? La grotte s'illumine et les
yeux de l'été Se reposent au fond du lac peuplé de songes. Dehors, il fait
grand jour... Où saigne le mensonge ?
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