Le poème
ci-contre a été écrit à
la suite d'une visite aux caves à Margot
(actuelles "grottes de Saulges", en Mayenne),
en compagnie de Léon de la Sicotière. Il
conte de façon romantique l'histoire imaginaire
d'un malheureux pèlerin mort dans la cavité. Il
a été publié en 1861 par A.du
Peyroux, puis reproduit sur le site Web de J.Y.
Bigot, Alpes
Spéléo.
|
|
Naguère un bûcheron, par un instinct
fatal, Vint, pèlerin impie, aux grottes
de Baal. Le pauvre homme n'avait qu'un lourd
bâton d'érable, Sa besace et la
poule, oiseau chéri du diable. Il alluma
sa lampe au feu d'un laboureur, Puis il franchit
le seuil, ardent, mais plein d'horreur. Longtemps
il se traina sous les voûtes humides, De
la tête et des reins heurtant les pyramides,
Mêlant aux eaux du roc la sueur de son
front, Croyant partout entendre accentuer son
nom ; Et lorsqu'il arriva, frémissant
d'épouvante, Au bord d'un précipice
où dort une eau stagnante, On ne sait
s'il tomba, si la lampe mourut, Si son cour
se brisa, si la fée apparut... Mais rien
ne troubla plus l'aspect de ces ténèbres.
Et quand bientôt, cédant à
des craintes funèbres, Le laboureur voisin
s'y rendit à son tour, Appelant le maudit
dans l'antre obscur et sourd, Il vit sur le
rocher des dépouilles sanglantes, Les
traces d'une lutte aux parois scintillantes, Et
près d'une eau fangeuse, au fond du grand
ravin, Un cadavre et sa lampe éteinte
dans sa main.
|