Colette Gibelin
est une poètesse varoise, à qui on
doit des recueils comme Errants
eldorados, Lumières ou Vivante
Pierre
On trouvera
ci-contre quelques extraits de Vivante pierre
(publié dans la revue Cahiers
de poésie verte, n°71, 40 p., prix
Troubadours 2000).
Ce recueil parle
de la géologie de la terre, métaphore de l'être humain, dont
les émotions et les drames intérieurs
sont comme des secousses sismiques, et qui occupe
une place infime dans l'histoire universelle. |
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Vivante pierre (extraits)
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La pierre, comme nous, résiste, s'use, s'effrite
et meurt. Elle est notre miroir. Elle porte nos désirs, et nos peurs aussi,
d'immobilité, de densité, de pureté. Elle nous interroge sur des valeurs
fondamentales, le lourd et le léger, le dur et le liquide, l'indifférence et le
frémissement, la vie est la mort. Ces textes tentent d'explorer quelques-unes
des correspondances entre le monde minéral et le monde humain, entre le rocher
souffrant et l'homme qui cherche vainement à bâtir des murailles contre la
douleur et l'émotion, et qui les revendique pourtant.
Colette Gibelin
Des siècles pour façonner cette
beauté mystérieuse que tu traverses, aveugle, en proie à tes douleurs. [...] Roche tendre qui s'effrite et se ravine... la vie
laisse sa trace acide. [...] Ce monde fissuré nous offre d'exister. [...] Une joie minérale me
saisit Comme si soudain le monde était
plénitude Densité Des forces inemployées s'amassent
dans la pierre L'écoulement s'est arrêté. [...] L'âme des pierres n'est-elle
pas dans leur désir d'envol ? [...] Toutes émotions suspendues Toutes souffrances abolies Être là, simplement, dans le
rayonnement du monde.
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