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Pauvre spéléologue !
Comment peut-il se faire comprendre
Alors que lui-même ne sait pas ce qui lui plaît sous
terre ?
Ce qui est sûr, c'est que ça lui plaît.
Il y a tant de raisons, mais quand il essaie
D'en citer quelques-unes
L'incompréhension de son interlocuteur
N'en est que plus grande.
Et si je vous disais que...
Les entrailles froides, noires et humides de la terre
M'attirent parce que j'aime le soleil et la nature,
Parce que, pour bien les aimer, pour bien les apprécier,
Il faut les mériter.
Quand, après une dure expédition,
Je retrouve cette nature, je respire son odeur
Que vous ne connaissez pas, je vois sa beauté
Que vous ne voyez plus : en un mot, je la comprends.
Pour aller explorer le gouffre que m'avait indiqué
Un vieux bûcheron, j'ai découvert,
Hors des routes et des sentiers,
Dans les déserts boisés du Vercors, la source
fraîche,
Le sapin foudroyé, la clairière aux chanterelles,
Le repaire du renard...
Vous ne les avez pas vus, vous êtes passé trop vite,
Loin sur la route. Et pourquoi seriez-vous venu là ?
La carte routière indiquait un beau point de vue
"Avec parking" trois kilomètres plus loin.
Vous pourrez dire à vos amis :
"J'ai fait les Grands Goulets..."
Moi je ne pourrai rien dire,
Car ce que j'ai vu n'est pas aussi spectaculaire.
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