Célestin MALIGNON
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Malignon

L'abbé Célestin Malignon a publié, en 1886, un long poème bilingue provençal / français racontant l'histoire de Bernadette Soubirous et des apparitions de la Vierge dans la grotte de Lourdes en 1858.

On trouvera ci-contre un extrait du chant II de l'ouvrage (Nostro-Damo de Lourdo - Poëme provençal, Paris, Tolra, 1886. In-8°; 378 p.)

 

Nosto-Damo de Lourdo


Arrivèron ansin i Roco Massabièlo,
Emé d'àutris enfant, que n'i'avié 'no sequelo.
Dins leu roucas pas rèn d'estra.
- Touti se fau ageinouia
E prega,- faguè la Vesènto.
E subran la troupo innoucènto
Dins lis aire escampè sis Ave Maria.

Puro ouresoun! qu'ausido en tant lèu, dins la baumo,
Deguè couri la « Damo » à soun perfum qu'embaumo.
Visage en plen trasfigura,
Front resplendènt, regard astra,
Entreduberto sa bouqueto,
Talo se tenié Bernadeto...
Soulet, li qu'hou-z-an-vist podon s'hou figura.

- La vaqui, crido pièi, que sourris e saludo
Espinchon, lis enfant : la Poco crouseludo
Em'un sauvage agalancié
Tant soucamen i'aparoissié.
Té, ié fan li pichoto fiho,
Ié remetènt une boutiho,
Trais-ié d'aigo-signado, e'ntanterin dis-ié

- S'es de la part de Diéu. à veni vous envite;
S'es de la part dóu Diable, au liuen fugissès vite.
L'enfant reprenguè d'un toun viéu :
- Se venès de la part de Diéu,
Aprouchas.- Pièi, s'estènt levado,
L'asperjo ciné l'aigo-signado,
E tant fuguè loti signe à la « Damo » agradiéu,

Que ié respoundeguè pèr un galant sourrire,
Vers elo S'avançant, coume se voulié dire :
Agues pas pòu, ma migo, es iéu,
E vène de la part de Diéu.
Repetà l'enfant soun envito,
Mai lou noum dou Diable s'evito
De lou dire, qu'acò i'es avis trop catiéu.

 

 

Notre-Dame de Lourdes (traduction française)

 

 


Elles arrivèrent ainsi aux Roches Massabielle, avec d'autres enfants, en grand nombre. Dans le rocher rien d'extraordinaire.- Toutes il faut se mettre à, genoux et prier, - dit la Voyante. Et, soudain, la troupe innocente jeta dans les airs ses Ave Maria.

Prière pure! qu'entendue aussitôt, dans la grotte dut accourir la « Dame », pour respirer son parfum embaumé. Visage en plein transfiguré, front éclatant, regard illuminé, sa petite bouche entr'ouverte, telle se tenait Bernadette; seuls ceux qui l'ont vue peuvent se la bien représenter.

- La voilà, s'écrie-t-elle ensuite, qui sourit et salue. -Les enfants regardent : la roche creuse, avec un églantier sauvage , uniquement se présentait à leurs yeux- Tiens, lui font les petites filles en lui remettant une bouteille, jette-lui de l'eau bénite et dis-lui en même temps :

- Si vous venez de la part de Dieu, je vous prie d'approcher; si c'est de la part du démon, disparaissez vite. - L'enfant reprit alors d'un ton vif: - Si vous venez de la part de Dieu, approchez. - Puis, s'étant levée, elle l'asperge avec l'eau bénite, et ce signe fut tellement agréable à la « Dame »,

Qu'elle y répondit par un sourire gracieux, s'avançant vers elle, comme pour lui dire. N'aie point peur, mon amie, c'est moi, et je viens de la part de Dieu. L'enfant répéta son invitation, mais elle évita de prononcer le nom du diable, car cela lui parut trop méchant.