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Gérard
Labrunie, dit Gérard de Nerval (1808-1855)
fut un écrivain à l'exaltation romantique,
voire mystique, atteint de troubles mentaux à
la fin de sa vie.
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Delfica
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La connais-tu, DAFNÉ, cette ancienne romance, Au pied du sycomore, ou sous
les lauriers blancs, Sous l'olivier, le myrte, ou les saules
tremblants, Cette chanson d'amour... qui toujours
recommence ?... Reconnais-tu le TEMPLE au péristyle immense, Et les
citrons amers où s'imprimaient tes dents, Et la grotte, fatale aux hôtes
imprudents, Où du dragon vaincu dort l'antique semence ?... Ils
reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours ! Le temps va ramener l'ordre
des anciens jours ; La terre a tressailli d'un souffle
prophétique... Cependant la sibylle au visage latin Est endormie
encor sous l'arc de Constantin - Et rien n'a dérangé le sévère portique. Petits
Châteaux de Bohème (1853)
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Le poème
ci-contre évoque le tombeau de Virgile, à
Naples, au débouché d'une galerie
de 700m, la "grotte du Pausilippe" (ou "grotta Vecchia"), dans le
quartier de Piedigrotta
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El Desdichado
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Je suis le ténébreux, - le veuf, - l'inconsolé, Le prince d'Aquitaine à la
tour abolie : Ma seule étoile est morte, - et mon luth
constellé Porte le soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé, Rends-moi le Pausilippe et
la mer d'Italie, La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé Et
la treille où le pampre à la rose s'allie.
Suis-je Amour ou Phébus?... Lusignan ou Biron ? Mon front est rouge encor
du baiser de la reine ; J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron : Modulant tour à tour sur
la lyre d'Orphée Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
Les Chimères
(1854)
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