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L'Italien Francesco di ser Petracco, dit Pétrarque
(1304-1374) fut le plus grand des poètes lyriques de la Renaissance. Il
vécut plusieurs dizaines d'années
à Avignon et la fontaine de Vaucluse, où
il avait une maison. Il est surtout connu pour
les 366 poèmes du "Canzoniere",
composés en l'honneur de Laure de Noves,
à laquelle il voua un amour passionné. Les
paysages de la Sorgue et de la fontaine de Vaucluse
servent souvent de cadre à ces écrits.
Le poème
ci-contre est la chanson CCCXXIII du Canzoniere,
composée vers 1365, traduite en français
par Gérard Genot (Aubier - Flammarion, 1969).
C'est une allégorie de la mort de Laure.
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Etant un jour seul à ma
fenêtre
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Limpide source en ce même
bosquet jaillissait d'un rocher, et eaux fraîches
et douces elle épandait un suave murmure
: du beau lieu écarté, ombreux
et sombre ni pasteurs n'approchaient, ni bouviers, nymphes
et muses oui, à l'unisson chantant : là
je m'assis et quand plus de douceur trouvais
à ce concert et cette vue, un gouffre
vis s'ouvrir et en soi engloutir la source
et tout le lieu ; dont suis tout endeuillé, et
au seul souvenir encor m'étonne.
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Standomi un giorno solo a la fenestra
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Chiara fontana, in quel medesmo bosco, sorgea
d'un sasso, et acque fresche e dolci spargea,
soavemente mormorando : a bel seggio, riposto,
ombroso e fosco, né pastori appressavan
né bifolci, ma ninfe et muse a quel tenor
cantando : ivi m'assisi ; e quando più
dolcezza prendea di tal concento e di tal vista,
aprir vidi uno speco, e portarsene seco la
fonte e 'l loco : ond'ancor doglia sento, e sol
de la memoria mi sgomento.
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