Ancien kinésithérapeuthe,
désormais non voyant, Denis Pons s'adonne,
à Béziers, à la création
artistique: musique, chansons, poésie, littérature.
On lui doit
deux recueils de poésie: Semailles
d'automne (1978) et Dernières
étincelles (1992).
Il a publié
aussi un roman, Le
Bûcheron de la Loubatière
(1983), écrit sous le pseudonyme d'Henri Novi-Valmagne.
Chantre de l'ombre, imprégné de l'atmosphère des
grottes, troglodyte par nécessité ou par habitude, n'écrit-il pas : "C'est là que mon âme ira se
réfugier, Là où l'espace est clos Et le temps figé dans une solitude d'éternité!" Ou encore : "Lorsque la nuit descend sur la grotte
tranquille Et que la lune vient redorer le
rocher Un flot de souvenirs se rassemblent et
défilent."
(Aimé
Rigaill)
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La grotte
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Dans
la grotte anonyme que fustige l'obscurité, Rampe
le silence... Le
silence que ponctue la goutte d'eau qui tombe du ciel
noir. Dans
cette grotte de roche dure que n'a jamais visitée la
lumière Toute
chose rumine interminablement l'absence d'un sublime rayon
d'or. On
ne peut imaginer ici la royale inquisition d'un moindre
regard. Jamais
rien n'a pénétré cette cathédrale d'ombre, Ruisselante
de silence. C'est
la virginité même de la nuit absolue. Il
n'y a ni entrée, ni issue. La
paix totale habite ce palais d'obscurité totale. Jamais
personne ne violera ce sexe de la terre Où
rien ne se passe qu'une ponctuation d'eau. Le
minéral et l'eau mariés Et
plongés dans une nuit de noces éternelles. Seule
une âme pourrait soulever le drap de granit Où
sont couchés pour toujours le silence et la nuit.
Quand
j'aurai tout donné à ceux que j'aime, Même
mon corps inanimé, C'est
là que mon âme ira se réfugier, Là
où l'espace est clos, Et
le temps figé dans une solitude d'éternité.
Semailles d'automne Premier Prix de Poésie Concours Antigone Paris,
1978
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