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Ce poème
est dû au poète américain Clifton Snider. Il
est extrait de son recueil
de poèmes The Alchemy of Opposites (Chiron Review Press,
Kansas, USA, 2000, 144 p.).
Nous en proposons
ici le texte d'origine, en américain, suivi
d'une traduction française personnelle.
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The Cave of Niaux
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An electric torch illuminates. Spikes like medieval guardians jut
from the cold ceiling to protect and warn.
Our guide, a French young man, halts twenty sojourners. Here are dots
and dashes like prehistoric Morse code--
the most common paintings, red the most frequent color, claviforms
the most frequent shape: thick lines that flower at their ends.
We trek on, avoid little cavities, slopes that slip a foot like a bar
of soap out of hand. I marvel at natural forms,
stalactites that seem to melt in waves of smudged ice, the heights
and black holes, passages that require knee bending.
Now begins the most important ceremony. The young man stops on the
other side of the rope, orders all torches shut & bunched together.
We have reached the Salon Noir where only he can make a light,
dispel the frigid black, a cave where ancestors came.
He waits for silence, then focuses his light on our first sight of
animal forms, a revelation.
From these cold, faceted walls, messages from a prehistoric past. The
paintings speak to my living heart: a deer stag, a congregation of horses.
The words our leader utters speak to my left brain, the images speak
to my right, no words, only heart.
We move on, a hushed group now, concentrated, children in front. All
thought of individuals vanished on this pilgrimage to the past.
The room is high as any cathedral, the bison, the ibex, the aurochs,
the horses and deer,--these dominate depths of my sincere & reverent
being.
An arrow in the side of a bison burns, like the bleeding side of Christ.
I think of Zuni fetishes & pots: heartlines on deer and bear.
I imagine the height of the ceiling, Cro-Magnon congregated below, in
a ritual I'll never know. My own must do.
We ask our feeble questions, try to probe a mystery dark as a Greek
rite. The guide knows and he does not know.
We gather torches and trek back, different now, bonded, purposeful,
if only for the moment. The opening blinds like a blast.
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La grotte de Niaux
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Traduction
française par Jean-Claude Frachon.
Une torche électrique éclaire Des piques semblables à des gardes
médiévaux Jaillissant du plafond froid Pour protéger et prévenir.
Notre guide, un jeune Français, Fait
halte pour la vingtième fois. Ici on
voit des
points et des tirets, Tels un code en morse préhistorique--
Les peintures les plus courantes, Rouge,
la couleur la plus fréquente,
Claviformes, les formes les plus fréquentes: Des lignes épaisses qui
bourgeonnent à leurs extrémités.
Nous continuons notre randonnée, évitant de petits creux, Des pentes
où le pied dérape Comme un morceau de savon glisse de la main Je
m'émerveille devant ces formes de la nature,
Des stalactites qui semblent se dissoudre En ondes de glace salie Les
voûtes et les trous noirs, Les passages où il faut s'agenouiller.
Alors débute
la cérémonie La plus importante. Le jeune homme
S'arrête de l'autre côté de la corde, Ordonne d'éteindre toutes
les torches et de
se regrouper.
Nous avons atteint le Salon noir Où lui seul peut éclairer,
Dissipant le noir glacial, Une grotte où vinrent nos ancêtres.
Il attend le silence, Puis dirige sa lumière Sur notre premier
aperçu de formes animales, Une révélation.
Sur ces murs froids à
facettes, Des messages d'un passé préhistorique.
Les peintures s'adressent à mon coeur ardent: Un cerf, un troupeau
de
chevaux.
Les mots prononcés par notre guide S'adressent à
l'hémisphère gauche de mon cerveau, Les
images s'adressent à l'hémisphère droit, Pas de mots, seulement le coeur.
Nous progressons, un groupe désormais
silencieux, Concentré, les enfants devant. Toute pensée individuelle disparue Dans ce pélerinage vers
le passé.
La salle est aussi haute qu'une cathédrale, Le bison,
le sanglier, les aurochs, Les chevaux et les cerfs, -- ceux-ci prédominent Dans
les abîmes de mon être sincère et respectueux.
Une flèche sur le flanc d'un bison Brûle, comme le flanc ensanglanté du
Christ Je me souviens des fétiches et poteries du peuple Zuni: Des lignes de coeurs
sur cerf et ours.
J'imagine la hauteur de la voûte, Cro-Magnon rassemblé
au-dessous,
Dans un cérémonial que je ne connaitrai jamais. Je dois
moi-même le faire.
Nous posons nos questions futiles, Tentant
de sonder un mystère
Obscur comme un rite Grec. Le guide sait et il ne sait pas.
Nous reprenons nos torches et rebroussons chemin, Désormais
différents,
unis, Inspirés, peut-être temporairement. Le porche éblouit
comme une explosion. |
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