Voici l'extrait d'un récit dû au voyageur marocain Ibn Battuta, rédigé en 1355. Il y évoque le franchissement d'une étroiture dans une grotte africaine qui aurait, selon la tradition, abrité le Prophète lors de sa fuite de la Mecque.

Ce texte, extrait de "Présent à ceux qui aiment à réfléchir sur les curiosités des villes et les merveilles des voyages" (1356), est sans doute l'un des plus anciens documents à connotation "spéléologique".
 

"Un de nos cheiks pèlerins des plus sagaces m'a raconté qu'il était difficile d'entrer dans cette grotte parce qu'un gros rocher se trouvait en travers de l'ouverture, juste après elle. Celui qui entrait par cette fente à plat ventre heurtait le roc de la tête et ne pouvait ni se glisser à l'intérieur, ni se redresser, sa face et sa poitrine touchant terre, c'est pourquoi il restait coincé et n'était délivré qu'après maints efforts et qu'après avoir été tiré par l'extérieur. Celui qui entrait couché sur le dos réussissait dans son entreprise; en effet, la tête à hauteur du rocher transversal, il la levait et s'asseyait, il était alors adossé au roc, la moitié du corps dans l'ouverture et les pieds à l'extérieur, enfin il n'avait qu'à se redresser à l'intérieur de la grotte."

Traduction de Paule Charles-Dominique (Gallimard, La Pleiade, 1995)

Merci à Eric Elguero de nous avoir mis sur la piste de ce texte
 

Ibn Battuta

Abou Abdallah Muhammad ibn Abdallah ibn Muhammad Ibnou Ibrahim, dit Ibn Battuta, naît à Tanger (Maroc) le 24 février 1304.

En 1325, il effectue un pélerinage à la Mecque, suivi de 30 ans de voyages sur 120 000 km, dans des contrées telles que la Tunisie, l'Egypte, la Palestine, la Syrie, 'Arabie, la Perse, le Yémen, l'Afrique de l'Est, la Tanzanie, l'Afghanistan, le Caucase, l'Inde, la Chine, le Bengale, la Birmanie, Sumatra, l'Espagne, le Mali, etc.

En 1355, il est de retour au Maroc. A la demande du souverain Abou Inan, il dicte ses souvenirs au secrétaire du prince, Ibn Juzayy.

L'ouvrage, achevé en février 1356, s'intitule : "Présent à ceux qui aiment à réfléchir sur les curiosités des villes et les merveilles des voyages", plus connu sous le nom de "Rihla".

Ibn Battuta meurt à Tanger en 1368.
 

 La Rihla

La Rihla n'est pas un traité de géographie faisant la synthèse des voyages de l'auteur. C'est plutôt une suite d'anecdotes et de réflexions religieuses, sociologiques, politiques, économiques ou historiques.

Le manuscrit original, rédigé par Ibn Juzayy, est déposé à la Bibliothèque Nationale de Paris.
 

Voir l'article de Jacques Ibn Clavreul sur le site "Arabissimo":
http://www.lettres.univ-nantes.fr/asso/arabissimo/battuta.htm