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Le docteur Méad s'est tenu debout
dans la grotte, la tête haute, sans en recevoir
aucune incommodité ; & tout animal dont la tête
se trouve au-dessous de cette marque, ou que sa petitesse empêche
de porter sa tête au-dessus de la vapeur, perd tout-d'un
coup le mouvement, comme s'il étoit étourdi ;
ensuite au bout d'une trentaine de secondes, il paroît
comme mort ou en défaillance : bien-tôt après
ses membres sont attaqués de tremblemens convulsifs ;
à la fin, j'entends dans l'espace d'une minute, il ne
conserve d'autre signe de vie qu'un battement presqu'insensible
du coeur & des arteres, qui ne tarde même pas à
cesser, lorsqu'on laisse l'animal un peu trop long-tems, je
veux dire deux ou trois minutes, & pour lors sa mort est
infaillible. Si au contraire, d'abord après la défaillance
on le tire dehors de la grotte, il reprend ses sens &
ses esprits, sur-tout lorsqu'on le plonge dans le lac d'Agnano,
qui est à vingt pas de-là.
Cette derniere
circonstance n'est point toutefois d'une nécessité
absolue. On lit dans l'hist. de l'ac. des Scienc. qu'un
chien qui servit à l'épreuve ordinaire, en présence
de M. Taitbout de Marigny, consul à Naples, fut simplement
jetté sur l'herbe, & que peu de tems après
il reprit sa vigueur au point de courir ; on conçoit
même que si on jettoit le chien au sortir de la grotte,
assez avant dans le lac pour qu'il y nageât, immobile
comme il est dans ce moment, il périroit plutôt
que de revenir.
J'ajoûte en terminant la description
de la grotte de Naples, qu'on ne la laisse point ouverte
; que celui qui en a la clé, fait ordinairement son expérience
sur un chien quand quelqu'un desire de la voir ; & enfin
qu'il couche toûjours cet animal à terre dans la
grotte, en faisant son expérience.
Peut-être
que les animaux qu'on éprouve de cette maniere, respirent
au lieu d'air, des vapeurs minérales, suffoquantes, c'est-à-dire
une vapeur ténue, imprégnée de certaines
particules, qui étant unies ensemble, composent des masses
très pesantes, lesquelles bien-loin de faciliter le cours
du sang dans les poumons, sont plus propres à chasser
l'air de leurs vésicules, & à retrécir
les vaisseaux par leur trop grande pesanteur ; au moyen de ce
poids subit, les vésicules pulmonaires s'affaissent,
& la circulation du sang vient à cesser. Lors au
contraire qu'on tire à tems l'animal de cette vapeur
minérale, la petite portion d'air qui reste dans les
vésicules après chaque expiration, peut avoir
assez de force pour expulser ce fluide pernicieux, sur-tout
si l'on plonge l'animal dans l'eau ; en effet il arrive que
l'eau aidant par sa froideur la contraction des fibres, fait
reprendre au sang son premier cours, comme on l'éprouve
tous les jours dans les syncopes ; mais si cette stagnation
continue trop long-tems, il est aussi impossible de rendre la
vie à l'animal, que s'il étoit parfaitement étranglé
; & le lac d'Agnano même n'est d'aucune utilité
dans ce dernier cas, ce qui montre que son eau n'a pas plus
de vertu qu'une autre, & qu'elle n'est point un spécifique
particulier contre le poison de la grotte.
Il
semble présentement qu'on est dispensé de recourir
à un poison singulier des vapeurs minérales de
la caverne, pour expliquer la mort des animaux qui y périssent,
si l'on considere que ces animaux, quand on les tire promtement
hors de cet endroit, reviennent à eux sans conserver
aucun signe de foiblesse, ni aucun des symptomes que l'on remarque
dans ceux qui ont respiré un air imprégné
de particules malignes par elles-mêmes ; de plus, les
corpuscules venéneux, s'il y en avoit, devroient infecter
pour le moins à quelque degré l'air qui regne
dans la partie supérieure de la grotte, &
cependant ils ne causent aucun dommage à ceux qui le
respirent. Ajoûtez,
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