étaient
allés moins loin, et ils s'étaient
réfugiés, comme des hommes de la préhistoire,
dans des grottes et des cavernes. Celles de Revigny
avaient déjà des hôtes du village,
et de Conliège, Saint-Maur, Poids-de-Fiole,
Publy, Vincelles, Macornay, Courbouzon, Vernantois
et Courlaoux. Des fugitifs de Lons vinrent les rejoindre.
On se fit des " baraques " en dressant
des cloisons ; et pendant plusieurs années,
dans ces taudis malsains, sans air ni lumière
que proche des entrées, à peine séparés
les uns des autres par quelques planches, des femmes
enfantaient dans la douleur, des enfants vagissaient,
des moribonds agonisaient, et le curé de
la paroisse de Revigny-St-Maur, Mre Simon
Conduit, de Lons, baptisait, confessait, administrait
les malades et mettait par écrit leurs dernières
volontés (1). Et le coeur humain est tellement
le même partout, en tout temps, dans les pires
misères comme dans la prospérité,
que le curé bénit jusqu'à quatre
couples, le 12 janvier 1637, et un autre le 13 !
(2). En quittant les ruines de Lons pour aller
piller et brûler Orgelet, Longueville ayant
appris que des malheureux étaient là,
vivant comme des troglodytes, fit tirer quelques
boulets sur l'entrée des grottes (3). Quelques
soldats tentèrent même l'assaut ; mais
ils furent repoussés et laissèrent
entre les mains de nos vaillants Comtois de "
mémorables dépouilles " (4) ;
et
(1) J'ai raconté
cette lamentable existence dans Le Vieux Lons de
1912, p.157 et suiv., d'après deux documents
singulièrement émouvants, le registre
paroissial de St-Maur et Revigny, que m'avait communiqué
le bon M. Buffet, ancien instituteur à Saint-Maur,
devenu maire de la commune, - et un testament de
1637 avec enquête, qu'avait mis en mes mains
M. César Bidot, alors maire de Revigny. (2)
Vieux Lons, 1912, p.160 (3) Girardot de Nozeroy,
p.185 (4) Le Manifeste d'Antoine Brun (1638),
publié par M. Emile Longin, Vesoul, Louis
Bon, 1905, p.24
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