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 Serge Robert

Assencion
Assencion

La Boite noire
La Boîte noire

La Croisée des Chemins
La Croisée des Chemins

Le Chant des Sirenes
Le Chant des Sirènes

Eldorado
Eldorado

Fleur et Voilier
Fleur et Voilier

Passage
Passage

Aventure II
Aventure II
Suite

Peintre de marine québécois contemporain.
Présent sur le site Internet
http://www.prosr.qc.ca

Comme le roc sculpté par l’eau, la dure réalité finit par céder sous l’action patiente, latente de l’esprit. Ainsi, l’élément le plus vif et le plus subtile peut vaincre la matière la plus inerte et la plus rude. La pierre et l’eau: tels sont précisément les éléments de presque tous les tableaux du peintre Serge Robert.
Sur la crête des vagues ou sur une étendue immobile, en haute mer ou sur un lac souterrain, immanquablement, invinciblement, s’avance un bateau minuscule, comme écrasé par le décor, mais jamais submergé. Toujours, perce un passage étroit dans la falaise, une éclaircie dans la masse sombre, une coulée de chaleur dans la froide paroi.
«Ce petit bateau, c’est moi, c’est le moi de chacun, qui doit constamment explorer, faire son chemin, trouver un passage», déclare l’artiste, qui me reçoit dans son atelier de la rue Saint-Pierre, dans le Vieux-Port. Pour la proximité des bateaux. Dans un tableau à venir, un voilier glissera dans une rue Saint-Pierre envahie par le fleuve.
«Trouver un passage», dit-il. Tel est justement le titre de sa dernière toile, qui me montre avant de l'expédier au Musée d'art du Mont-Saint-Hilaire, pour y faire partie d'un concours. Quelques jours plus tard, j'apprendrai que l'oeuvre a remporté le Prix du public. (...)
L’oeuvre est fascinante, tant par sa symbolique que par sa facture. Cette fois l’éternel petit voilier, prisonnier d’une grotte monumentale, met le cap sur un rocher mince comme une coquille qui emprunte la forme d’une madone: par une fissure dans cette coquille minérale, apparaît une autre paroi rocheuse, dont l’échancrure prend forme féminine. Ainsi, ces deux silhouettes sont vides, mais de manière opposée: l’une concrète, est une statue de pierre creuse, alors que l’autre, virtuelle, n’est qu’une ouverture, un espace libre. Des poupées gigognes.
« Comme si l'une était enceinte de l'autre... Après coup, on peut y voir une mère et une fille, mais je ne peins pas selon des idées préconçues. Je me laisse guider par le pinceau, comme l'écrivain par sa plume. Au lieu d'une page blanche, j'ai devant moi une toile noire, sur laquelle j'invente la couleur. Pour moi, la création doit se faire à partir du néant, de l'absence de lumière», explique Serge Robert. Créer la lumière. Comme au début de la Genèse.

D'après Régis Tremblay, in "Le Soleil de Québec", quotidien québécois, samedi 20 septembre 1997