En souvenir de Guillaume Apollinaire
La mer où tu dormis naguère, Quand le temps n'avait pas
de nom, Reflua : tu devins lumière,
Page insérée au droit des monts, Falaise d'or vague, ou
laiteuse Compagne des chemins profonds,
Citadelles de roches creuses, Villes fantômes où le soir Ranime
d'obstinées veilleuses,
Dolines, margelles d'espoir Gardant aux blés leur confidence Ou
la paix aux vieux abreuvoirs,
Blancs autels tendus à l'offense Des pluies qui s'ouvrent peu à
peu La voie de secrètes mouvances,
Frontons d'hermine ou longs épieux, Gerbes illuminant la gloire De
grottes closes sur leurs cieux...
Beau calcaire, notre mémoire, Avons-nous assez navigué Sans
nous soucier d'autre histoire Qu'un baiser qui nous fut légué À la
pierre où nous allions boire ?
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