Peintre de
marine québécois contemporain. Comme le roc
sculpté par leau, la dure réalité
finit par céder sous laction patiente, latente
de lesprit. Ainsi, lélément le
plus vif et le plus subtile peut vaincre la matière
la plus inerte et la plus rude. La pierre et leau:
tels sont précisément les
éléments de presque tous les tableaux du
peintre Serge Robert. D'après
Régis Tremblay, in "Le Soleil de Québec",
quotidien québécois, samedi 20 septembre
1997
Assencion
La
Boîte noire
La
Croisée des
Chemins
Le
Chant des
Sirènes
Eldorado
Fleur
et Voilier
Passage
Aventure
II
Présent sur le site Internet http://www.prosr.qc.ca
Sur la crête des vagues ou sur une étendue
immobile, en haute mer ou sur un lac souterrain,
immanquablement, invinciblement, savance un bateau
minuscule, comme écrasé par le décor,
mais jamais submergé. Toujours, perce un passage
étroit dans la falaise, une éclaircie dans la
masse sombre, une coulée de chaleur dans la froide
paroi.
«Ce petit bateau, cest moi, cest le moi de
chacun, qui doit constamment explorer, faire son chemin,
trouver un passage», déclare lartiste, qui
me reçoit dans son atelier de la rue Saint-Pierre,
dans le Vieux-Port. Pour la proximité des bateaux.
Dans un tableau à venir, un voilier glissera dans une
rue Saint-Pierre envahie par le fleuve.
«Trouver un passage», dit-il. Tel est justement le
titre de sa dernière toile, qui me montre avant de
l'expédier au Musée d'art du
Mont-Saint-Hilaire, pour y faire partie d'un concours.
Quelques jours plus tard, j'apprendrai que l'oeuvre a
remporté le Prix du public. (...)
Loeuvre est fascinante, tant par sa symbolique que par
sa facture. Cette fois léternel petit voilier,
prisonnier dune grotte monumentale, met le cap sur un
rocher mince comme une coquille qui emprunte la forme
dune madone: par une fissure dans cette coquille
minérale, apparaît une autre paroi rocheuse,
dont léchancrure prend forme féminine.
Ainsi, ces deux silhouettes sont vides, mais de
manière opposée: lune concrète,
est une statue de pierre creuse, alors que lautre,
virtuelle, nest quune ouverture, un espace
libre. Des poupées gigognes.
« Comme si l'une était enceinte de l'autre...
Après coup, on peut y voir une mère et une
fille, mais je ne peins pas selon des idées
préconçues. Je me laisse guider par le
pinceau, comme l'écrivain par sa plume. Au lieu d'une
page blanche, j'ai devant moi une toile noire, sur laquelle
j'invente la couleur. Pour moi, la création doit se
faire à partir du néant, de l'absence de
lumière», explique Serge Robert. Créer la
lumière. Comme au début de la
Genèse.