Une exploration spéléologique qui finit mal... |
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Le récit qui suit est dû à Charles Renaud, président du Spéléo-Club de Genève. Il relate une aventure peu banale survenue lors de l'exploration d'une grotte -non précisée- en 1947. Il est la reproduction d'un document dactylographié, trouvé dans les archives du Spéléo-Club San-Claudien. Illustrations : d'après Samivel (sauf page 4, photomontage J.C.Frachon). Un samedi soir de septembre 1947, deux membres du Spéléo-Club de Genève réunis chez leur président M. Renaud, discutent spéléologie en dégustant une fondue. Un coup de sonnette interrompt le repas ; Mr L., un ami de notre hôte, vient annoncer qu'étant seul demain, sa voiture sera disponible. Que voilà une bien tentante occasion de filer sous terre. Seulement voilà: les magasins sont déjà fermés et le détenteur du matériel en week-end avec sa famille. Qu'importe, on rassemble à la hâte le peu que l'on a sous la main soit : 1 lampe à carbure, 1 photophore électrique, 1 lampe de poche, quelques bougies et une corde de 15 m. C'est ainsi que le lendemain, au petit matin, nous roulons vers un hameau où selon les dires des paysans une petite cavité facile nous permettra de faire de jolies photos. Arrivés sur place, la petite caravane composée de R., son ami L. et des deux spéléologues G. et D. s'engage dans un tunnel au bout duquel un pierrier croulant donne effectivement accès à un ravissant petit paysage souterrain. De belles concrétions se mirent dans une flaque d'eau de plusieurs mètres carrés, donnant l'impression d'un lac profond et majestueux. L. qui pénètre dans une grotte pour la première fois de sa vie est transporté d'admiration. G. et D. donnent à notre apprenti spéléologue, qui demande son admission à notre groupe, sa première leçon. Renaud, selon sa vieille habitude, furète dans tous les coins, son inséparable chien collé à ses talons. Il grimpe, redescend, gratte, déplace des blocs et pousse tout à coup une exclamation qui nous fait retourner. A 2 mètres de hauteur, deux jambes gigotent désespérément pour disparaître enfin dans une étroite fenêtre. Sa lumière décroît puis disparaît. Le temps de hisser le chien qui hurle après son maître et nous voilà partis à leur suite avec le peu que nous avons en mains, plantant là la plus important partie de ce que nous avons amené. Un puits nous barre bientôt la route. Réquisitionnant tout ce que nous avons comme papiers, emballages, cornets, nous l'examinons en y jetant des torchons enflammés. Comme il a l'air peu engageant, nous le contournons délicatement par sa margelle et arrivons à un ressaut de 12 mètres où nous laissons pendre notre corde après l'avoir franchi. Cela continue toujours mais cette fois le parcours très humide nous oblige même à traverser une repoussante fondrière d'argile où nous enfonçons jusqu'aux mollets. Nous portons le chien pendant ces 20 mètres. C'est le point le plus bas du parcours que nous allons faire. Comme de fréquents embranchements se présentent, la prudence la plus élémentaire nous oblige à baliser. Que prendre : nous avons utilisé tout notre papier au puits, nous tenons à garder nos mouchoirs pour les blessés éventuels. Nous avons si peu avec nous que rien ne peut être abandonné, c'est pourquoi après avoir posé le collier du chien nous établissons aux croisements un balisage à la mie de pain et continuons ce que nous appelons la galerie n°1. |