Dimanche
19 mars 1916
Texte de
R. Duret
R. et M. Duret A 7 ou 800
mètres de Chenecey, sur le plateau qui surplombe la
vallée de la Loue, en face des ruines du
château de St-Denis, se trouve le hameau des
Granges-Mathieu. C'est à 60 mètres environ de
la dernière maison que s'ouvre le trou béant
du gouffre Jean Dédé. La
première exploration de ce gouffre eut lieu le 19
mars 1916.
Nous sommes partis de Besançon en bicyclette, au
nombre de cinq : Flusin André, Flusin Robert, Challe,
Derrier et Duret Robert. Nous dînons sur l'herbe
à 11 heures et à 2 heures, tout est prêt
pour la descente. Challe
descend le premier, puis A.Flusin et enfin R.Duret.
L'entrée du gouffre est à peu près
circulaire ; elle a environ 12 mètres de
diamètre. La profondeur est de 31 mètres.
La descente à la corde n'est pas
très difficile. Toutefois, ce jour-là, n'ayant
pas beaucoup d'expérience, Challe a failli se faire
assommer par une pierre détachée par la corde.
Au fond, ce qu'il y a d'ennuyeux, c'est l'abondance des os
et des squelettes et, les visiteurs débutants
sont-ils incommodés par une forte odeur de
putréfaction. Du
côté Sud du fond du gouffre s'ouvre une grotte.
Nous nous engageons dedans. Elle commence par
un immense et difficile éboulis, pendant lequel on
descend facilement d'un niveau de 30 mètres.
Ces éboulis proviennent des pierres
lancées depuis l'orifice par les passants.
Arrivé au bas de cet éboulis, la
grotte proprement dite commence. Nous nous trouvons en effet
devant une cheminée de 7 à 8 mètres de
haut.
Elle s'escalade cependant avec assez de
facilité. Ensuite la grotte continue avec alternative
de montées et de descentes. A un certain moment, nous
enfonçons dans le guano jusqu'à mi-jambe,
c'est très doux ; il y aurait vraiment un belle
fortune à faire. Nous
arrivons bientôt au fond. Il n'y a que des
inscriptions datant de 1886. Nous trouvons un billet dans
une fente de rocher. Dessus est écrit le nom d'un
soldat du Cinquième d'artillerie. Nous gardons le
billet et en remettons un avec nos noms et nos adresses.
Puis nous revenons sur nos pas par le même chemin et
nous sommes bientôt au bas de l'orifice, près
de la corde. Ce fut plus difficile de monter que de
descendre. Duret R. s'écorche les doigts. Robert
Flusin qui est resté au-dessus n'est pas content de
n'être pas descendu ; mais il est trop tard, on ne
peut songer à le descendre. Nous redescendons
à Chenecey. Flusin André, qui avait
crevé, répare son pneu.
Duret R., Derrier et R.Flusin partent à 6 heures,
tandis que Challe reste avec A.Flusin. Nous sommes à
Besançon à 7 heures. Duret R. perd sa
pélerine. Challe et Flusin rentrent à huit
heures. Nous sommes dégoutants, mais contents de
notre début. R.Duret
Photographies
En relation
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Spéléologie
1ère Gouffre des Granges-Mathieu
Dimanche 19 mars 1916
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