Jeudi
23 mars 1916
Texte de
R. Duret
2ème exploration des Granges-Mathieu Comme ce
jour est un grand jeudi, nous disposons de toute la
journée.
La veille au soir, il pleut à verse. Personne ne
compte partir le lendemain. Cependant le jeudi matin chacun
se lève ; le temps est magnifique. Chacun
emporte ce qu'il peut pour son dîner, car les magasins
sont fermés. R. et M.Duret vont devant chez Challe ;
ils y retrouvent Billey ; il est 6 heures un quart. Challe
se fait attendre, il arrive enfin avec tout son fourniment.
Nous partons pour la gare du tacot ,
pas bien enthousiasmés ; quatre, ce n'est pas
beaucoup pour explorer un gouffre. Mais bientôt nous
voyons arriver Lecreux qui se dépêche ;
cinq c'est déjà mieux. Le tacot arrive, nous y
retrouvons M.Martinet qui va à Montrond, avec Ligney,
Barrenbach, Vaissier et les deux Laloy. Nous décidons
Laloy Paul à venir avec nous. Six, ça marche
bien. Nous
arrivons au gouffre vers neuf heures. Tout est prêt
pour la descente à neuf heures et demie. Challe, les
deux Martin
et Duret R. descendent. Ils entrent dans la grotte et
comptent y demeurer un certain temps, car ils veulent la
mesurer. Nous
arrivons au fond. Challe relève les inscriptions que
Duret R. lui dicte, tandis que les deux Martin
écrivent leur nom sur les parois. Puis en revenant on
mesure. Martin A. et Duret R. tiennent la chaîne de 10
mètres, Challe prend pendant ce temps les directions.
Nous arrivons au pied de la corde à 11 heures
1/4. Mais la
montée est longue, car ceux qui sont restés
au-dessus ne savent pas lancer la corde. Enfin, le dernier,
Martin André, est au-dessus du gouffre à midi
moins 5. Les deux habitants de Busy rentrent chez eux en
emmenant Laloy qui a une rage de dents. Lecreux, Billey,
Challe, M. et R.Duret dînent, en mettant en commun le
peu que chacun a apporté. Nous trouvons à
acheter aux Granges du pain excellent. Après le
dîner, R.Duret et Challe descendent M.Duret et
Lecreux ; ils s'enfoncent dans la grotte, tandis que
ceux demeurés au-dessus se préparent à
faire un somme. Mais ils sont bientôt tirés de
leurs rêves par l'arrivée d'un cycliste :
c'est Zeller. Nous lui demandons s'il veut descendre, il
nous dit que oui. Il retourne sa veste, prend une bougie,
enfonce sa casquette, et il est bientôt au fond. Il va
rejoindre M.Duret et Lecreux, qui sont quelque peu
étonnés de voir tout-à-coup
apparaître une bougie. A quatre heures, ils sont tous
remontés et nous quittons le gouffre à 4
heures 1/2. Nous buvons chez les Martin à Busy, en
reprenant Laloy, et nous reprenons le tacot à 6
heures pour rentrer à Besançon. Au cours de
cette exploration, nous avons pu obtenir quelques
renseignements sur la grotte.
Il y a 190 mètres du pied de la corde
à l'extrémité de la galerie. La
direction est à peu près Nord-Sud. Mais
lorsqu'on approche du fond, elle oblique un peu vers
l'Ouest. La largeur varie de 5 à 12 mètres. On
rencontre dans le parcours des magnifiques stalactites ; il
y en a une en particulier, à peu près
cylindrique, qui a 6 mètres de haut et 15
centimètres de section. Cette
galerie est assez humide, à un certain endroit on y
trouve quelques crustacés.
Au milieu du parcours à peu
près, on rencontre une espèce de fosse
cylindrique et qui est assez bizarre. Détail
assez curieux : presque depuis l'extrémité de
la galerie, on aperçoit le jour et le bas de la
corde, ce qui produit une perspective assez originale. R.Duret
Topographie
Duret
Photographies
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Jeudi 23 mars 1917
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