Dimanche
26 mars 1916
Gouffre
des Granges-Mathieu
Texte de
R. Duret
3ème exploration des Granges-Mathieu Nous sommes
six au rendez-vous : Challe, Foret Jacques, Foret Max,
R.Laloy, M. et R.Duret. Nous sommes en bicyclette et nous
arrivons au gouffre à 2 heures. Challe
descend le premier, Foret J. le second. Mais, tandis que
R.Duret se prépare à descendre, nous entendons
Challe et Foret crier ; ils viennent en effet de trouver, du
côté opposé à la grotte
déjà connue, un petit trou de 50 cm de
diamètre. R.Duret
descend aussitôt. Les trois qui sont au fond crient
à ceux qui sont au-dessus de jeter une corde. Challe
s'attache et se fait descendre par les deux autres dans ce
petit trou ; mais il n'a que trois mètres et il n'y a
pas besoin de corde. Foret et Duret suivent Challe dans le
trou ; ils se trouvent tous trois dans une immense salle
remarquable par l'accumulation des stalagmites et des
stalactites. C'est une des salles les plus jolies de la
région. Ensuite, pour continuer, il faut se porter
vers la droite de l'entrée, et on descend un
éboulis tout à fait analogue à celui
qui se trouve du côté Sud du gouffre.
Arrivé au bas de cet éboulis, on trouve une
galerie large de 3 à 4 mètres et haute de 20
à 25 ; c'est magnifique, on continue ainsi pendant
150 mètres environ et on arrive au bout ;
la galerie se termine par un très joli catafalque.
Sur le parcours, nous avons trouvé deux squelettes de
têtes de blaireaux. A un certain endroit, Challe monte
dans un rocher presqu'à pic. Nous le suivons et
arrivons au-dessus ; le sommet est très plat. Nous
trouvons une petite galerie, mais il est impossible de s'y
aventurer ; on enfonce dans la boue jusqu'aux genoux. Nous
revenons donc sur nos pas et nous sommes bientôt au
bas de la corde. Je remonte le premier, Challe me suit
à 4 h 1/2. Foret reste au fond pour voir la seconde
galerie, la première découverte. Nous
descendons M.Duret, Foret jeune et Laloy R. Ils visitent la
grotte Sud et à 6 h 5, tous sont remontés. Nous
descendons à Chenecey et quittons le village à
6 h 3/4. Une heure après, nous sommes à
Besançon. Lorsque
Challe, Foret aîné et R.Duret étaient
dans la galerie Nord, ceux qui étaient restés
au-dessus ont trouvé une autre grotte, servant de
refuge aux blaireaux.
Ils ont fait 30 m environ dedans, mais ils sont
retournés, ayant peur de ces animaux terribles. Or,
pendant ce temps, les explorateurs étaient justement
dans le couloir boueux dont il a été
parlé plus haut. Ils ont entendu crier. Le couloir
boueux et le trou à blaireaux correspondraient-ils ?
Cette énigme sera résolue à la
prochaine exploration. R.Duret
Topographie
Duret
Grotte
aux Blaireaux
Chenecey-Buillon
Dimanche 26 mars 1917
Dimanche
26 mars 1917. En réalité,
conformément à la chronologie
générale des expéditions
relatées, cette exploration date de 1916, et non de
1917.
Ils viennent en effet de trouver, du côté
opposé à la grotte déjà connue,
un petit trou de 50 cm de diamètre. Ils viennent
de découvrir l'accès à la galerie Nord,
dont ils ignoraient l'existence, mais qui était
déjà connue au moins depuis 1907 par
E.Fournier.
On continue ainsi pendant 150 mètres environ et on
arrive au bout. La galerie Nord mesure en
réalité 120 m de longueur.
Ceux qui étaient restés au-dessus ont
trouvé une autre grotte, servant de refuge aux
blaireaux. Il s'agit très certainement de la
grotte des Ourosses (875,72 - 245,07 - 390). Cette
cavité s'ouvre dans une doline. La galerie s'abaisse
progressivement jusqu'à une salle, prolongée
par 40 m de boyau. Total : 80 m (-3 m).
Le couloir boueux et le trou à blaireaux
correspondraient-ils ?. Le gouffre des Granges-Mathieu
et la grotte des Ourosses sont très proches l'un de
l'autre, et appartiennent vraisemblablement au même
réseau karstique (cette hypothèse de R.Duret
sera reprise par E.Fournier en 1923). En
revanche, il est très douteux qu'une liaison à
la voix ait pu être établie entre les deux
cavités.
Topographie Duret. Topographie de la galerie nord du
gouffre des Granges-Mathieu (partie connue à
l'époque), levée le 26 mars 1916. La galerie
sud, topographiée précédemment (voir
compte-rendu
n°2),
n'est représentée que partiellement.
Duret commet une erreur d'orientation : il inverse le sens
de la flèche nord-sud.