Dimanche
25 février 1917
Texte de
R. Duret
13ème
Grotte de la Colombière et gouffre du Chien
(près de Malbrans) Nous sommes
huit. Nous prenons le tacot habituel à 7 h ½.
La bande se compose de : Martinet J., Parent C., Flusin
R., Vaissier P., Pourquet R., et enfin Marcel et moi. Nous
avons deux cordes, l'une de 50 m, l'autre de 80 m. Le tacot
patine un peu en montant Pugey.
Nous descendons à Montrond et, depuis, nous partons
directement pour Malbrans avec nos bagages. Nous arrivons
là-bas à 10 h ¼. Sur le
conseil de Druot, nous demandons Carmille Robert qui nous
conduit à la grotte de la Colombière. Nous y
descendons tous sauf Martinet. Marcel lève le plan
avec Vaissier, et nous en sortons car elle est peu
intéressante. De
là, nous retournons à Malbrans. Carmille
rentre manger chez lui et nous, nous montons à la
Vierge.
Là, nous nous remettons de nos fatigues en faisant un
bon dîner. Puis
Carmille vient nous rejoindre et nous nous dirigeons vers le
Trou du Chien.
Nous y sommes rapidement. On déroule les cordes, on
jette la corde de secours, et Marcel s'attache pour
descendre. Il s'enfile dans l'orifice, assez étroit
du reste (0,80 de diamètre), et il se laisse couler.
Il arrive au fond après avoir parcouru 18 m.
Il se détache, et la corde repart vers le ciel pour
revenir bientôt avec Robert Fourquet. Ils partent tous
les deux visiter les galeries. Ils pénètrent
d'abord dans une qui est située au Sud-Est. Elle
forme une boucle et revient à son point de
départ. Elle est peu intéressante. Puis ils en
ressortent et dirigent leurs pas dans une autre galerie.
Elle se divise bientôt en deux. L'une va au Sud-Ouest
; elle n'est pas longue et peu intéressante à
part un petit gouffre de 5 à 6 m de profondeur.
L'autre (qui est la galerie principale du gouffre) a la
direction Nord-Ouest. Elle garde tout le long sa direction
sauf au milieu où elle tourne un peu vers l'Est pour
revenir ensuite à sa position normale. Elle se
termine par une descente d'une dizaine de mètres de
long. Cette galerie a environ 110 m de long. Dans la
voûte (qui ne dépasse pas 4 à 5 m
de haut) et au milieu du parcours, il y a une
cheminée de 7 à 8 m de haut. Les parois
de cette galerie sont recouvertes d'une matière
blanche, collante et mouillée, ressemblant tout
à fait à du fromage blanc. Pendant la
visite de Marcel et de Robert Fourquet, ceux qui
étaient restés au-dessus me descendent avec
Flusin et Vaissier. Pendant que nous visitons, Zeller et
Parent vont voir l'orifice du puits de Vauvougier qui est
à 200 m de là. Puis Martinet y retourne avec
Zeller. Les
visiteurs du fond du gouffre du Chien, ayant terminé
leur promenade, sont remontés, d'abord Vaissier. Puis
Martinet est descendu et Flusin remonté. Ensuite,
Marcel et Robert Fourquet (qui s'attache par le ventre et
remonte la tête en bas)
sont remontés, et enfin Zeller et Parent sont
descendus. Moi qui étais resté au fond, je
fais visiter le gouffre aux nouveaux arrivants. Puis nous
sommes tous remontés et nous apercevons le ciel
sillonné d'avions. Les cordes
sont enroulées, et nous reprenons la direction de
Montrond. Nous entrons au café pour nous
rafraîchir. La bonne femme de la boutique nous demande
de ne pas nous appuyer sur le mur, de peur de le salir. Il
fallait croire que nous étions rudement sales pour
qu'on nous tienne pareil langage. Puis nous reprenons le
tacot pour Besançon. R.Duret
Topographies
Duret
Photographies
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Dimanche 25 février 1917
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Nous
prenons le tacot habituel à 7 h ½. Le
"tacot" est un petit train circulant sur une voie
ferrée étroite, aujourd'hui disparue, qui
reliait Besançon à Pontarlier et desservait
les villages du plateau.
Le tacot patine un peu en montant Pugey. Depuis
Busy-Larnod, la voie ferrée montait via les fermes
des Clairons vers Pugey, village situé entre
Besançon et Montrond-le-Château.
Nous montons à la Vierge. La vierge de
Malbrans est un imposant monument,
sur une éminence, au nord du village.
Nous nous dirigeons vers le Trou du Chien. La
cavité est également appelée 'gouffre
du Bois Lochet'.
Il arrive au fond après avoir parcouru 18 m.
Les cotes et observations rapportées par R.Duret sont
pertinentes.
Les parois de cette galerie sont recouvertes d'une
matière blanche, collante et mouillée,
ressemblant tout à fait à du fromage
blanc. Il s'agit de mondmilch, calcite à
l'état colloïdal pouvant revêtir sol et
parois des cavernes.
Robert Fourquet (qui s'attache par le ventre et remonte
la tête en bas). Pour se faire hisser dans le
puits par les équipiers restés en surface, les
explorateurs s'encordent à la poitrine, sous les
bras. Fourquet a dû s'attacher trop bas, et a
basculé, soit involontairement soit par jeu.
Nous apercevons le ciel sillonné d'avions. Il
s'agit vraisemblablement d'avions militaires en exercice, en
liaison avec les hostilités de la Première
Guerre mondiale.
Topographies Duret. Plans de la grotte de la
Colombière et du gouffre du Chien. Ces croquis
pourraient être les premières topographies
connues de ces deux cavités.