Une exploration spéléologique
qui finit mal...
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Le chien semble moins abattu que nous et s'aide magnifiquement pendant que nous tirons sur sa corde.

Aucune parole ne puit décrire le soulagement avec lequel nous débouchons enfin, meurtris et moulus, chevilles, genous, coudes en sang, visages éraflés et barbouillés d'argile, sens engourdis, réflexes nuls dans la salle à photos de ce matin.

Il était d'ailleurs temps car nous n'avions plus qu'une lampe à bout de souffle et des allumettes mouillées. Nous allumons cependant par précaution les 3 bougies avec la flamme défaillante de la lampe, posons le tout au bas de l'éboulis. La flaque a bien monté depuis ce matin car nos sacs et nos vêtements de rechange traînent dans l'eau, impossible de se remettre au sec.

Ne voulant pas s'être donné tant de mal pour rien, R. a encore le cran de commencer ses photos. Nous le regardons ahuris tout en nous reposant.

Il pointe méticuleusement son appareil, compose une savante charge renforcée en vidant dans un sachet le contenu des deux autres. Saisissant une des bougies, il allume la charge et vient se terrer vers nous.

Après avoir grésillé misérablement pendant une éternité, le sachet de magnésium explose littéralement, les lumières s'éteignent et une pluie de galets descend du pierrier, ensevelissant luminaires et matériel.

Nous avons encore l'inconscience de rire de ce nouveau malheur, jusqu'au moment où remontant à tâton le pierrier, nous découvrons avec horreur que la voûte supérieure s'est effondrée et que nous sommes derechef prisonniers dans l'obscurité, avec une bougie éteinte et des allumettes mouillées.

Le premier moment de stupeur passé, nous grimpons au haut de l'éboulis et tirons les pierres à nous, à tâton. Plus nous déblayons plus il en vient. Chaque bloc que nous tirons crée un vide qui se comble immédiatement.

Au bout d'une heure, aucun changement, quoique de nombreuses reconnaissances nous donnent cependant la certitude que nous oeuvrons bien à la partie supérieure de notre prison, et contre l'instable voûte sommitale.

L. et D. sont effondrés et muets. G. cherche à déterrer la lampe. Plus bas on entend le chien patauger dans l'eau de la vasque. Juché au haut du pierrier R. gratte comme un forcené et nous annonce bientôt un léger courant d'air.

Montant vers notre terrassier nous sentons effectivement quelques bouffées d'air pur s'insinuer dans notre antre enfumé de magnésium et de poussière.

Chacun se remet derechef au travail. L'arrivée d'air augmente sensiblement et au bout d'une nouvelle heure de terrassements exécutés avec les mains, R. arrive à se hisser jusqu'au tunnel.

Sortie

Couchés sur le pierrier, nous faisons la chaîne pour lui passer nos effets, lorsque arrive à l'improviste notre quadrupède dégoulinant d'eau et de vase. S'aggripant des ongles à la chemise de D., marchant sur le visage de G., il s'engouffre dans le tunnel de sortie, bousculant R. qui perd l'équilibre et lâche tout ce qu'il avait dans les mains.

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