Et de cela j'ai un bon
témoignage: car comme je demeurais à Paris
l'année passée 1575, il y eut un médecin
nommé Monsieur Choysvin , dont la compagnie et la fréquentation
m'était une grande consolation; Après qu'il m'ait
entendu parler ainsi des natures, et comme je savais qu'il était
amateur de philosophie, je le priai de venir avec moi dans les
carrières près de Saint Marceau, afin de lui ôter
tout doute sur ce que je lui avais dit de la génération
des pierres. Et celui-ci, mû par son zèle,
et sans épargner sa peine, fit apporter des flambeaux
de cire, et amenant avec lui un étudiant médecin,
nommé Milon , nous allâmes près d'une lieue
dans ces carrières, conduits par deux carriers. Et
là nous vîmes ce que longtemps auparavant j'avais
connu par les formes des pierres faites comme des glaces pendantes.
J'avais vu en effet un grand nombre de ces pierres, qui avaient
été apportées de Marseille par le commandement
de la Reine, mère du Roi, d'une caverne qui s'appelle
la Mauve Louvière (*), laquelle a pris son nom de ce
que les loups y vont souvent manger les chêvres et les
brebis qu'ils ont dérobées. J'avais aussi vu dans
la grotte de Meudon une grande quantité de pierres semblables,
qui ont été apportées des régions
maritimes. J'en avais vu aussi dans les rochers qui sont le
long de la Loire. Mais, quand nous fûmes dans les carrières
de Paris, nous vîmes distiller l'eau qui se solidifiait
en notre présence . Et tu ne peux nier ce point: car
j'ai ici un bon témoignage.
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