Bernard Palissy : Discours admirables...
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Page 202 - Chapitre Des pierres
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Transcription modernisée

 

Et de cela j'ai un bon témoignage: car comme je demeurais  à Paris l'année passée 1575, il y eut un médecin nommé Monsieur Choysvin , dont la compagnie et la fréquentation m'était une grande consolation; Après qu'il m'ait entendu parler ainsi des natures, et comme je savais qu'il était amateur de philosophie, je le priai de venir avec moi dans les carrières près de Saint Marceau, afin de lui ôter tout doute sur ce que je lui avais dit de la génération des pierres.
Et celui-ci, mû par son zèle, et sans épargner sa peine, fit apporter des flambeaux de cire, et amenant avec lui un étudiant médecin, nommé Milon , nous allâmes près d'une lieue dans ces carrières, conduits par deux carriers.
Et là nous vîmes ce que longtemps auparavant j'avais connu par les formes des pierres faites comme des glaces pendantes. J'avais vu en effet un grand nombre de ces pierres, qui avaient été apportées de Marseille par le commandement de la Reine, mère du Roi, d'une caverne qui s'appelle la Mauve Louvière (*), laquelle a pris son nom de ce que les loups y vont souvent manger les chêvres et les brebis qu'ils ont dérobées. J'avais aussi vu dans la grotte de Meudon une grande quantité de pierres semblables, qui ont été apportées des régions maritimes. J'en avais vu aussi dans les rochers qui sont le long de la Loire. Mais, quand nous fûmes dans les carrières de Paris, nous vîmes distiller l'eau qui se solidifiait en notre présence . Et tu ne peux nier ce point: car j'ai ici un bon témoignage.

 

(*) Mauve Loubière : sans doute la Baume Loubière, à Château-Gombert, près de Marseille.