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Explorations
dans des grottes réelles et fictives
J'ai
pratiqué au départ, séparément,
mais avec une égale passion, la peinture et la
spéléologie ; j'ai joint ensuite les deux
termes de cette double activité pour devenir le
peintre de la nature des premiers âges de
l'humanité et de l'art.
Ce retour aux sources est à la fois un retour
à la nature primordiale et un retour aux origines de
l'art ; cette rencontre avec la peinture des hommes
préhistoriques, intégrée dans la nature
et qui a été le sujet de mon premier dessin
effectué sous terre, (l'Ursus Spelaeus de la grotte
d'Aldène, Hérault - 1959), me fait
entreprendre maintenant d'autres explorations, l'exploration
d'un espace pictural que je crée et que j'explore par
le cheminement que j'y effectue.
Cet espace pictural se développe sur des plaques de
fibrociment posées à même le sol, ou
dressées au milieu du paysage. Il s'agit pour moi
d'agrandir le tableau de chevalet qui déborde des
limites imposées par l'habitation ; le tableau de
chevalet garde pour moi toute son importance et même
une importance accrue, car il fait actuellement
référence aux tableaux que j'effectue dans la
grotte réelle et au cheminement effectué dans
ce labyrinthe fictif. Cheminement qui relève à
la fois de l'exploration et de l'archéologie
pratiquées dans ma propre peinture. La grandeur de
l'espace peint ne permet plus d'avoir une vue
d'ensemble.
Dans ce labyrinthe de signes surgissent des
archétypes établissant des liens avec les
signes abstraits préhistoriques ; ma démarche
se veut en accord avec les nouveaux espaces que l'homme
explore : les gouffres, les fonds des océans, le
cosmos.
Ces signes primordiaux mystérieux, inscrits sur les
parois des grottes, ces paysages
révélés par le faisceau des
projecteurs, font partie de notre mémoire
créatrice.
Il s'agit de replacer ces racines de l'art dans notre cadre
de vie et de rétablir les liens entre la nature, la
ville, la demeure.
Jean
Truel
Peintre spéléologue
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