L'aven de la Vernède s'ouvre dans les garrigues de St-Pierre de la Fage (Hérault).
Il a été exploré à partir de 1931, et la cote -171 a été atteinte en 1953.

Ce poème est extrait de Beau calcaire, notre mémoire (Domens, Pézenas, 2000).

Aven de la Vernède

Mousses, lichens et scolopendres
Rêvent sur ces parois d'oubli,
L'eau captive sait y suspendre
L'ultime attirance du puits.

Le jour d'été le plus hardi
À ces lèvres se laisse prendre,
L'ombre ne peut rien lui apprendre
Qu'un peu de soir enseveli.

Nul souffle ici n'ose descendre,
Tramontane ou fleur assoupie,
Et ce vent grec ou d'Italie,
Quand la mer porte un goût de cendre.

Un dieu masqué sema jadis
Ces pesanteurs à pierre fendre
Où la terre en naissant apprit
Quel aveu il lui faut défendre.

Passant, garde-toi de prétendre
Déchiffrer le mythe enfoui :
Il ne peut se dire ou s'entendre
Qu'au palimpseste de la pluie.