Gros-Gadeau (39-Geraise), juin 1997 | |
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Chronologie | Rémy Limagne | Bruno Théry | Sarah Emonin Chronologie des événements
Dans la nuit du 29 au 30 juin 1997, un sauvetage spectaculaire a été réalisé dans le gouffre du Gros-Gadeau (Geraise, Jura). Il s'agit d'un gouffre-perte profond de 112m, qui draine un bassin marneux, où les crues sont rapides et violentes. Il avait plu tout au long de la semaine précédente, sauf la veille, et le temps était orageux. En dépit de ces conditions défavorables, trois membres du Groupe Spéléo du Doubs s'engagent dans la cavité, vers 14 h le dimanche. Il s'agit de Gilles Bretin-Mourot (27 ans), Sarah Emonin (24 ans) et Dominique Jung (36 ans). Malheureusement pour eux, un gros orage, d'une violence exceptionnelle, s'abat sur le secteur vers 15h. La crue atteint Gilles et Sarah alors qu'ils se trouvent dans la galerie terminale, près du premier R2. Ils sortent rapidement de la galerie, remontent le premier puits de 12m, mais se trouvent bloqués par la violence du torrent, sur le palier de -70, à la base du puits suivant. L'endroit, peu confortable même en étiage, est alors totalement invivable: dans l'eau jusqu'à la poitrine, accrochés à la main-courante entre deux cascades hurlantes, bientôt en panne de lumière, les deux spéléos vont devoir attendre les secours pendant près de 6 heures... De son côté, Dominique n'a descendu que les trois premiers puits, et renonce à rejoindre ses camarades. Il tente alors une remontée très délicate pour donner l'alerte. Il ne parvient à l'extérieur qu'à 20 h 30, transi, les bottes arrachées par le courant, très choqué. Dans l'intervalle, des spéléos dijonnais passant par hasard près du gouffre remarquent la voiture des Bisontins, une corde en place dans le puits d'entrée... et le débit inquiétant du torrent. L'alerte est donnée au Maire, à la Préfecture vers 18h30 et finalement au Spéléo-Secours du Jura (SSF), vers 19h. De19h30 à 20h30, les secours se mettent en place. Après une tentative avortée jusqu'au troisième puits, profitant d'une baisse relative du débit, deux sauveteurs s'engagent à 22 h 30. Le débit est tel qu'il leur faut ré-équiper en plafond : 20 amarrages à jouter pour descendre à -70 !! Une heure plus tard, ils opèrent une jonction avec l'équipe bloquée. L'état des deux victimes est inquiétant. L'évacuation, urgente, ne va pas sans mal. Quand on sait que l'auteur des lignes qui suivent est un spéléo de haut niveau, habitué des rivières de Papouasie, on reste songeur quant aux difficultés rencontrées: "Ce que nous avons fait était techniquement assez pointu: mini balancier dans le courant, puis méthode "baston" sous cascade, balancier de soutien enchaînant les deux puits, et je passe sur les passages de fractionnement avec un poids de 57 kg quasi inerte." Dans l'intervalle, bien sûr, à l'extérieur
on ne reste pas inactif. Une ligne téléphonique est mise en place, et dès que
l'information sur l'état des victimes parvient du fond, une équipe médicale et
paramédicale est envoyée sur place.
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