Gros-Gadeau (39-Geraise), juin 1997 | |
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Chronologie | Rémy Limagne | Bruno Théry | Sarah Emonin Récit de Bruno Théry, un des sauveteurs A la jonction avec les victimes, nous avions mis nos derniers amarrages, et il ne restait plus que la 8 mm (après avoir mis 20 amarrages, 3 sangles et une 50 m). Sans corde de balancier, je n'ose imaginer comment nous aurions fait... en particulier pour Sarah. Une heure plus tard, nous opérons une jonction avec
l'équipe bloquée. L'état des deux victimes est inquiétant. Ce que nous avons fait était techniquement assez pointu : mini balancier dans le courant, puis méthode "baston" sous cascade, balancier de soutien enchaînant les deux puits, et je passe sur les passages de fractionnement avec un poids de 57 kg quasi inerte. A titre d'exemple, j'ai eu énormément de mal à dégager Sarah plaquée par le courant sur son croll et accrochée par un merdier de ficelles à Gilles. Alors que j'essayais de voir comment résoudre le problème et que j'allais gueuler à Rémy de mettre en place un système de traction pour soulager la montée (j'étais déjà complètement à l'agonie suite à la violence des efforts physiques), sans que l'on se concerte, Rémy avait déjà tout installé et une corde de balancier était prête, le noeud d'accrochage à côté de moi. Savoir que l'on peut compter sur la technicité sans faille de son coéquipier est, dans la circonstance, une qualité que l'on apprécie bien plus qu'à sa mesure. La remontée de Sarah nous a pris environ 50 minutes pour les deux puits. Difficile choix de ne pas s'occuper de Gilles, toujours immergé avec de l'eau jusqu'à la poitrine pendant tout ce temps. Arrivés à la main courante avant le premier bassin, nous avons inversé nos places. Nous avions en permanence à l'esprit le risque d'une nouvelle vague de crue. Rémy est immédiatement redescendu vers Gilles, pendant que j'évacuais Sarah à l'abri vers le point chaud. Elle m'a fait deux pertes de connaissance, et j'ai été obligé de la traîner dans l'eau en bout de longe, puis dans la cascade du ressaut, ce qui l'a réveillée un peu, puis par terre sur les cailloux jusqu'au sec. J'espère que je ne l'ai pas trop cabossée!. Après l'avoir laissée allongée sur le dos, je suis redescendu pour aider Rémy. Il avait déjà réussi à débloquer Gilles et lui remettre ses appareils en ordre de progression sur la corde. Son intervention a dû être, elle aussi, gratinée. Avec mon 50 watts sur la tête, vu du dessus, la vision de Rémy et Gilles dans le bouillon était assez grandiose: je regrette vraiment d'avoir renoncé à descendre l'appareil photo. Par contre, pour la montée des deux puits, cela nous a pris à peine plus de 5 minutes, Gilles nous ayant considérablement soulagés en montant un peu en escalade. Nous avons juste fait un gros coincement sur un fractionnement, et avons résolu le problème en coupant la corde sous le croll de Gilles (pas de couteau, t'es très mal!). Deuxième photo que nous avons ratée... Rémy tirant comme un boeuf Gilles, lui-même répandu dans la cascade du petit ressaut avant la base du P.20, et Bruno sous l'eau poussant sous ses fesses! Bruno Théry |